Academia reproduit ci-dessous une lettre ouverte de membres du personnel du Muséum national d’histoire naturelle, à propos de la décision de la direction du MNHN de choisir la ville de Dijon comme futur site pour héberger une partie des collections du muséum. Cette lettre demande l’abandon total de ce projet et l’ouverture de discussions impliquant l’ensemble des personnels sur la meilleure réponse à apporter pour améliorer les conditions de conservation des collections et le travail des équipes, ainsi que des propositions qui seront le résultat d’une réflexion collégiale.
“Nous sommes la première génération de scientifiques simultanément consciente que nous ne connaissons qu’un quart des espèces de la planète, et que la moitié d’entre elles pourraient disparaître d’ici la fin du siècle. Dans ce contexte, briser le lien collections-recherche peut-il être décemment perçu comme une réponse au problème ?“
Une première action est engagée avec une pétition en ligne ouverte ici. Signons, diffusons !
Lettre ouverte « Sauvons les collections »
Depuis plus de deux siècles, le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) est indissociable de ses collections qui sont des outils majeurs, au service de la science et de la société. Les personnels en sont les garants et ont la responsabilité de leur enrichissement, valorisation, gestion et conservation. Elles constituent l’essence même de notre établissement sur lesquelles s’appuient les équipes du Muséum pour développer des activités de recherche, de diffusion, d’enseignement ou d’expertise. Les collections naturalistes du MNHN sont uniques au monde, de par leur histoire, leur diversité, leur qualité, leur statut de référence pour la communauté scientifique, et par la dynamique d’accroissement générée par les nombreuses expéditions scientifiques menées par les équipes de recherche du MNHN. Les collections constituent donc un socle essentiel pour répondre aux défis sociétaux sur la biodiversité.
Cette dynamique et la reconnaissance de l’importance de ces collections pour le MNHN et pour la communauté scientifique internationale s’illustrent de multiples façons, parmi lesquelles en moyenne 1100 publications scientifiques basées sur ces collections/an, un total de 2752 demandes sur les collections en 2022 ou encore le fait que 23% de toutes les nouvelles espèces marines décrites dans le monde au cours des 10 dernières années ont leurs holotypes déposés au MNHN.
Mais malgré ce rayonnement reconnu, tous ceux qui ont eu la chance de visiter ces collections scientifiques invisibles au grand public, localisées sur le site du Jardin des plantes et sur le Campus Buffon, sont frappés par l’état de délabrement des locaux, les conditions de travail déplorables des équipes techniques et de recherche, et par la pauvreté des moyens financiers et humains mis à leur disposition. Oui, il y a urgence à trouver plus de place, rénover les locaux et améliorer les conditions de travail, très loin des standards d’hygiène et de sécurité qui devraient prévaloir.