Un nouveau projet de Loi n°XXX de modernisation et de régulation de l’enseignement supérieur est arrivé à la rédaction dite «Loi Baptiste»
Academia n’existait pas lors du vote de la Loi “de responsabilités des universités” (LRU) restée à la postérité sous le nom de “Loi d’autonomie des universités”. Votée dans les semaines estivales qui ont suivi l’élection du désormais délinquant Nicolas Sarkozy. elle porte différentes atteintes à l’indépendance des universités, à commencer par l’atteinte à la santé au travail des agent·es. La subtile manœuvre de Valérie Pécresse-Thierry Coulhon et consors a consisté à reporté à 2009 la publication des premiers décrets d’application, entrainant un grève universitaire longue, difficilement médiatisée, et vécue in fine comme une trahison des enseignant·es-chercheur·ses pour les étudiant·es.
La seconde loi de destruction des universités a été préparée dès l’automne 2019, avec le soutien actif de Valérie Pécresse et de la CPU. D’abord intitulée Loi pluriannuelle de programmation de la recherche (LPPR), elle n’était en rien une loi de programmation, mais une attaque méthodique des statuts : celui des agent·es et celui des établissements. La LPR s’est appuyée sur deux lois qui portent des coups aux principes d’égalité d’accès à l’enseignement supérieur (loi ORE, Parcoursup). Academia a publié plus de de 150 billets sur la séquence LPR, dont une centaine sur la fabrique de la loi seulement. Il restera de cette loi une réputation ignominieuse à l’international.

Philippe Baptiste, directeur de cabinet de Frédérique VIDAL, au Paris Open Source Summit 2018
La nouvelle loi, proposé par le ministre Philippe Baptiste — ancien directeur de cabinet de la ministre Vidal— parachève l’édifice imaginé par la fine fleur des démolisseurs de l’ESR. Alors que certains de ces fossoyeurs de l’université sont morts, en passe de prendre leur retraite, ont fait un score ridicule aux présidentielles 2022, ou choisi d’encaisser les dividendes d’école de commerce, les mois à venir vont être décisifs. Mais pas nécessairement dans le sens que ce gouvernement en bout de course voudrait.
On est venu, en universitaires, soucieux et soucieuses de comprendre, de débattre, de démontrer la dangerosité des lois précédentes, votées au nom de l’autonomie, de la responsabilité, de la programmation, de l’attractivité, suivant le grand plan des MacronLeaks. On a vu les suicides, les attaques politiques menées du cœur même de l’État contre les étudiant·es en les affamant, contre les universitaires critiques dits «islamogauchistes» — au point d’en appeler solennellement, dès octobre 2020, à la protection des libertés académiques et du droit d’étudier — la décapitation de notre représentation CNU, la “stratégie du boa constrictor” — plan social qu’on voulait nous cacher.

Visuel de France universités, décembre 2024
On a découvert le milliard manquant, les coups de poignard dans la démocratie universitaire, l’effacement du Code de l’éducation, l’hommage rendu par le ministre Patrick Hetzel à une organisation étudiante raciste, la subtilisation des crédits par le CNRS, le projet de Keylabs, les fluides et autres charges en augmentation sans compensation, la saignée annoncée du PLF2025 et la mobilisation des présidences d’université en 2024, les COMP100% rendant «les universités libres d’obéir». On a vu tout cela.

Bandeau du billet “L’avenir de l’enseignement supérieur et de la recherche selon les MacronLeaks“, 26 janvier 2020
Nous ne nous résignerons pas : les rédacteurs du BuJU, les traqueurs antifascistes, les fondateurs et fondatrices d’associations anticorruption comme Acadamia, de défense les libertés académiques, comme Olade ou OALA, les collectifs étudiants et doctorants, les syndicats et la rédaction d’Academia s’en sont déjà donné les moyens.
Sans plus attendre — et sans autre introduction — nous vous proposons de prendre connaissance du projet de loi vomi par Baptiste & co, et de nous faire part de vos commentaires.
De vos interprétations et de vos actions.
#nopasaran
D’ores et déjà, Julien Gossa vous livre, en avant-première, son analyse : Loi Baptiste : une transformation d’ampleur LRU ?

Feux en Californie. Crédit : Jeff Head, 2015
#ResistESR