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Information sur l'emploi en sciences humaines et sociales

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Un prix de sociologie décerné par l’État d’Israël, poisson d’avril à l’EHESS ?

  • par les étudiant·es engagé·es du la mention de Master Études politiques (EHESS)

Nous, étudiant∙es engagé∙es de la mention Études Politiques, tenons à nous exprimer à la suite du mail de soutien de la Présidence1 qui a réagi au refus du ministre israélien de l’Éducation de décerner le Prix Israël de sociologie à Eva Illouz.

Alors que les bombardements se poursuivent, après n’avoir en réalité jamais cessé, nous souhaitons exprimer notre gêne, sinon notre colère, de voir notre Présidence regretter la distinction symbolique d’un État colonial.

Il nous semble étonnant d’avoir attendu l’écartement de cette sociologue pour mettre en garde contre les atteintes à la « démocratie universitaire vivante » dans un pays qui commet en ce moment même un génocide et qui a détruit ou endommagé toutes les infrastructures universitaires à Gaza.

Ce chantage à la signature imposé à Eva Illouz n’est pas seulement le signe d’une dérive illibérale, ni l’indice inquiétant d’une démocratie en danger : c’est tout simplement une ombre infime qui fait partie du tableau beaucoup, beaucoup plus large d’une dictature coloniale qui (au mieux) écarte toute voix qui dévie (aussi humble soit la déviation) du narratif officiel qui sert à légitimer crimes contre l’humanité, nettoyage ethnique et génocide. Sortez de vos carcans universitaires : le sujet ne se limite pas aux cérémoniaux académiques, c’est de la vie de millions de personnes dont il est question !

https://www.flickr.com/photos/photoma_from_canberra/54133437814/in/photolist-4xw3Hv-ABktib-fNs1o-7VWfus-737Ud1-dCFQZc-7GhMH6-2nykoC1-ggGRzr-bZx5N5-2qtA25J-23CsPh-brDAZ5-6NoAuF-q3p3j5-55ZxDL-2quwHqK-bEyvFn-aTgm9X-CHwGb-qsn85F-5KxPdJ-pXHK7R-qRUwbH-pUVUAS/

Ouroboros by night, by Lindy Lee, National Gallery of Australia. Crédit: Photoma, 2024

L’heure devrait être au soutien sans faille au peuple palestinien, à la condamnation des gouvernements impérialistes complices, au boycott des entreprises israéliennes qui alimentent la machine de guerre, ainsi qu’au rejet de toute production de savoir colonial qui ne fait que légitimer les actes en cours.

Ce n’est pas l’heure de pleurer le prix symbolique d’un État génocidaire.

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  1. NDRL. Le mail diffuse sur une liste interne un « message du président » de l’EHESS paru la veille (31 mars) ) à ses 55 000 abonnés sur un réseau social. Les étudiant·es ont répondu sur la même liste interne le 2 avril avant de le publier surAcademia. []

Racisme et violences à Rouen

#TW tentative suicide
Depuis quelques semaines, le campus Pasteur de l’Université de Rouen traverse une période difficile. Un étudiant a fait une tentative de suicide, qui, selon la presse, pourrait être en lien avec les actes à connotations racistes de la part d’un professeur, qu’il avait dénoncésu des mois auparavant1. Une enquête judiciaire est en cours pour faire la lumière sur les circonstances de ce drame.

Rassemblement anti-raciste au campus Pasteur, Université Normandie, Rouen

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  1. Le professeur a été sanctionné depuis par la section disciplinaire []

Hcéres : l’intersyndicale de Paris-8 répond à France Université

Academia peine à suivre l’actualité autour du Hcéres. Il y a deux semaines, après une intervention forte d’Arnaud Saint-Martin au moment de l’audition de Coralie Chevallier, Hendrik Davi a porté et réussi à faire adopter un amendement visant à supprimer le Hcéres : le député s’en est expliqué dans “Pourquoi supprimer le HCERES” le 27 mars 2025. France Universités s’est joint au débat dans un communiqué pour sauver le soldat Hcéres et sa lieutement Coralie Chevallier.

Dans “Le principe d’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche par une autorité indépendante est indispensable pour garantir l’autonomie de l’Université“, France Universités, lobby des présidences d’université, ne veut pas jeter le bébé “choixi arbitraire du président de supprimer une formation ou de promouvoir un copain” avec l’eau du bain “évaluation”. Elle affirme

“son attachement au principe fondamental d’une évaluation indépendante, exigeante et qualitative de l’enseignement supérieur et de la recherche. […] France Universités souhaite insister sur le fait que l’évaluation par les pairs, conduite par une autorité indépendante, est la garantie de la qualité et de l’amélioration continue des formations et de la recherche dans les établissements, s’inscrivant dans l’espace européen de l’enseignement supérieur et de la recherche. Cette évaluation conditionne le principe d’autonomie des universités auquel France Universités est fortement attachée.

Découlant d’un problème de méthode et de choix de termes malheureux, la récente polémique doit désormais laisser place à la concertation, dans un climat apaisé. France Universités et le Hcéres ont donc décidé de s’engager dans un travail commun de réflexion sur les finalités, l’organisation et les modalités de l’évaluation, pour en faire un moyen de fédérer davantage la communauté universitaire dans son ensemble.

C’est à ce communiqué de France Universités que l’intersyndicale Paris-8 — sur le site  de la liste Résistons — vient d’offrir une réponse à France Universités

Chers et chères collègues,

Dans votre communiqué du 21 mars 2025, vous constatez que l’évaluation de la vague E a engendré de « l’incompréhension et de la colère » chez « certains » enseignant·es-chercheur·es. « Certains » dites-vous ? Les très nombreuses remontées qui nous arrivent de nos collègues, responsables de diplômes, épuisé·es par un exercice d’« auto-évaluation » inepte nous disent clairement tout autre chose que les euphémismes auxquels vous avez recours. Les témoignages s’amoncellent pour pointer à quel point ces évaluations, qui n’ont donné lieu à aucune visite approfondie, ni aucune rencontre ou audition digne de ce nom avec les enseignant·es, s’appuient essentiellement sur des indicateurs chiffrés pauvres et biaisés. Elles reposent en outre sur des critères construits de façon opaque, et contradictoires entre eux.

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Que fait la présidence de l’Université Grenoble Alpes des libertés universitaires et syndicales ?

Yassine Lakhnech est candidat à un nouveau mandat de président de l’UGA en janvier 2024. © Benjamin Houry – Place Gre’net

Academia suit depuis de longs mois les dérives autoritaires et les atteintes aux libertés académiques à l’Université Grenoble Alpes : après les atteintes aux droits et à la santé de collègues de Science Po Grenoble, en 2021, une mascarade électorale en 2024, et autres problèmes… Les représentant·es étudiant·es s’y trouvent particulièrement mal traité·es : poursuites judicaires, relaxe contrel l’avis de la Ministre — , et désormais refus d’agrément pour l’un des syndicats représentatifs. La présidence se faisant avocat d’une organisation qui fait régulièrement la Une des journaux pour son antisémitisme, les organisations syndicales se mobilisent pour défendre l’État de droit et les libertés universitaires étudiantes et syndicales.
Pour signez la lettre ouverte ici.

Stop à la répression et à la complaisance avec l’extrême droite à l’Université

Nous alertons sur les dérives qui affectent les libertés fondamentales dans l’enseignement supérieur Français et, notamment, la suspension de l’agrément de l’organisation représentative étudiante majoritaire à l’Université Grenoble Alpes, en seule raison de ses activités syndicales. Signez la lettre ouverte.

Nous, usager⸱es et personnel⸱les de l’enseignement supérieur et de la recherche,

Nous, représentant⸱es des citoyen⸱nes de France,

Nous, citoyen⸱nes,

Nous alertons sur les dérives qui affectent les libertés fondamentales dans l’enseignement supérieur Français et, notamment, la suspension de l’agrément de l’organisation représentative étudiante majoritaire à l’Université Grenoble Alpes, en seule raison de ses activités syndicales

Dans la nuit du samedi 22 mars, la présidente de l’Union Étudiante de Grenoble (UEG) reçoit par la direction des affaires juridiques de l’Université une décision portant suspension de l’agrément de l’association. Cette décision unilatérale a été signée par le président de l’Université… un mois plus tôt ! Cet agrément permet la tenue des activités des organisations représentatives, par la réservation de salles et l’obtention de subventions de l’Université. Cette suspension de deux mois alarme parfaitement, en particulier au vu du motif. L’Université se justifie d’abord en considérant que l’UEG aurait porté atteinte à l’élu de l’Union Nationale Interuniversitaire (UNI) au Conseil d’Administration en dénonçant l’une de ses positions dans un communiqué. L’Université prétend aussi que sa propre réputation est atteinte quand l’UEG dénonce les pressions et la répression qu’elle et ses partenaires ont subi depuis le début de leur mobilisation sur la situation palestinienne. Les embûches semées par l’établissement sont pourtant réelles et documentées, notamment pour la venue d’une eurodéputée que nous coorganisions, dont la conférence a été conditionnée à une présence scientifique à la tribune. Surtout, le recours à de telles méthodes de suspension est une menace réelle à la liberté d’expression.

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Rémunérations des vacataires des universités : il est temps de payer !

Avec le soutien de parlementaires, plusieurs syndicats et associations de jeunes chercheurs et chercheuses ont fait paraitre dans Le Monde, mercredi 26 mars, une tribune qui encourage les enseignant·es vacataires du supérieur maltraité·es par leurs établissements employeurs à engager des recours juridiques. Ce texte s’inscrit notamment dans le cadre de la campagne d’accompagnement juridique et syndical des enseignant·es vacataires du collectif doctorant·es CGT FERC et de la CGT FERC-Sup, qui a déjà permis d’obtenir près de 15 000€ d’impayés.
Academia publie le texte de cette tribune.


En 2017, une circulaire du ministère de l’enseignement supérieur affirmait que les délais de paiement des vacataires d’enseignement, dépassant parfois les six mois, « ne sont pas acceptables au regard des principes généraux des finances publiques en la matière ». Depuis 2020, la loi de programmation de la recherche (LPR) prévoit le versement mensuel des rémunérations des vacataires. Sept ans après la circulaire et quatre ans après la LPR, les vacataires ne perçoivent toujours pas leur rémunération à temps, et ces délais dépassent régulièrement les douze mois. En 2022, le ministère a même recommandé aux établissements de ne pas appliquer la loi, dans une circulaire heureusement annulée par le Conseil d’État suite à un recours de SUD Éducation.

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Défendre l’université et la recherche pour défendre la démocratie

Communiqué LDH du 27 mars 2025

L’université et la recherche font aujourd’hui l’objet d’attaques d’une violence sans précédent depuis la Seconde Guerre mondLa communauté scientifique est ainsi visée pour ce qui fonde le cœur de son activité, la démarche scientifique, l’honnêteté des interprétations, la liberté de la pensée, et la recherche d’une connaissance qui soit appuyée sur des faits et la vérification des démonstrations ou expériences. Les libertés académiques sont bafouées directement par les décrets américains contrôlant le vocabulaire scientifique et interdisant l’usage de mots – « femme », « diversité, « changement climatique », « minorités » – dans la recherche sous peine de suppression des financements. Il s’agit bien, en entravant le travail scientifique, de distordre les faits, c’est un projet de réécriture du réel que porte Donald Trump. Les décisions de Donald Trump entraînent aussi de graves conséquences pour les communautés scientifiques hors des Etats-Unis mêmes qui travaillent en réseau qui incluent ces équipes états-uniennes. C’est le travail scientifique de l’humanité qui est ainsi attaqué. Particulièrement sur le chantier vital du réchauffement climatique, tout comme en matière de protection de la santé.

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Le 27 mars, amplifions la mobilisation pour le service public de l’enseignement supérieur et de la recherche !

Ces dernières semaines, de nombreuses mobilisations dans l’Enseignement supérieur et la Recherche (ESR) ont rassemblé des milliers de personnes. Depuis le mois de décembre 2024, les étudiant·es sont mobilisé·es pour dénoncer la casse de l’enseignement supérieur. L’intersyndicale a appelé les personnels à les rejoindre pour obtenir un tout autre budget pour l’ESR avec notamment une journée nationale de mobilisation le 11 février dernier.

Le 8 février, des représentants syndicaux de plusieurs pays se sont rassemblés pour défendre les libertés académiques, et le 7 mars, la mobilisation “Stand Up for Science” a rassemblé plusieurs milliers de personnes en soutien aux scientifiques états-unien·nes licencié·es par l’administration Trump-Musk ou empêché·es de mener à bien leurs recherches, en particulier par des coupes budgétaires ciblées, des interdictions de thématiques de recherche, la suspension d’accès aux banques de données ou encore des annulations de collaboration avec des équipes de recherche françaises. Ces derniers jours, un seuil a été franchi. Face à cette lame de fond à laquelle font face l’université et la recherche publiques, l’intersyndicale rappelle que face à l’obscurantisme, il est urgent de défendre la liberté de production et de diffusion des savoirs, comme bien commun et facteur de progrès social.

La journée nationale de mobilisation dans l’ESR du 11 mars, à l’initiative de l’intersyndicale, a été une réussite : des milliers d’étudiant·es et personnels se sont retrouvé·es dans les manifestations et les rassemblements pour exiger un autre budget pour le service public de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, dénoncer les coupes budgétaires imposées aux universités, aux organismes de recherche et au CROUS, ainsi que les résultats de la campagne d’évaluation de la vague E par le HCERES qui mettent en danger des centaines de formations publiques qui accueillent et diplôment plus de 50 000 étudiant·es.

Nos organisations appellent à amplifier la mobilisation dès maintenant, y compris par la grève.

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Questionnaire « Intelligence Artificielle et Enseignement »

  • Chloé-Agathe Azencott, professeure en machine-learning (apprentissage statistique) pour la génomique au Centre de biologie computationnelle (CBIO) de Mines Paris-PSL, de l’Institut Curie et de l’INSERM

Le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a confié une mission sur «l’intelligence artificielle et l’enseignement» à François Taddei et Frédéric Pascal. Dans le contexte de cette mission, un questionnaire a été établi à destination de « l’ensemble des usagers et personnels de l’enseignement supérieur ».

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/40427

Birds Pursued by an Eagle, late 17th century. The MET Digital Archive

Un cygne au milieu d’un troupeau de canards

Le questionnaire est anonyme, mais une fois que j’ai déclaré être une femme professeure en machine learning (considéré comme un sous-domaine de l’IA) à Mines Paris–PSL, j’ai l’anonymat d’un cygne au milieu d’un troupeau de canards. J’ai d’ailleurs choisi de donner mon nom à la fin du questionnaire, comme c’était proposé.

Au vu du temps et de l’énergie que répondre à ce questionnaire m’a pris, et des conversations semi-publiques que j’ai eues sur le sujet sur Mastodon, j’ai décidé de partager ici quelques unes de mes réponses. J’ai ajouté des liens hypertexte pour faciliter la lecture.

Tout d’abord il me semble important de noter que le questionnaire utilise « IA » sans définir le terme. Il m’a fallu plusieurs questions pour être sûre que l’enseignement et la recherche de et en intelligence artificielle, machine learning ou discipline approchante n’entraient pas dans le champ couvert par « IA ». Pire, si je suis raisonnablement convaincue qu’il s’agit ici de parler d’outils s’appuyant sur des modèles génératifs de texte ou d’images de grande taille, entraînés sur d’énormes volumes de données, je ne sais pas s’il s’agit plutôt de parler d’outils développés par des acteurs privés à destination du grand public (type ChatGPT, LeChat, MidJourney, Gemini, Claude, DeepSeek), ou plutôt des outils développés spécifiquement pour l’éducation (par exemple MathGPT). Je soupçonne que les outils prédatant les réseaux de neurones profonds et développés spécifiquement pour accompagner l’enseignement en soient exclus— je pense par exemple au système expert générateur de problèmes de chimie organique pour étudiant·es de licence développé par Jonathan Chen, avec qui je partageais un bureau en thèse il y a une vingtaine d’années1.

De nombreuses questions telles que « utilisez-vous l’IA dans votre vie professionnelle ? » sont donc particulièrement floues. J’ai utilisé les boîtes de texte des champs « Autre » pour préciser ma pensée, mais le sondage me semble mal conçu dès le départ.

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  1. Chen et al., “No Electron Left Behind: A Rule-Based Expert System To Predict Chemical Reactions and Reaction Mechanisms”, Journal of Chemical Information and Modeling (2009) : doi:10.1021/ci900157k. Apparté : Jon est d’ailleurs une personne de référence sur l’utilisation d’outils d’IA générative dans le domaine médical, si le sujet vous intéresse. []

Over his dead body 2. L’Université de Haute-Alsace face à ses responsabilités

Over his dead body. 1. Le choc et les silences

L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité
et protéger la santé physique et mentale des travailleurs.
Art. L.4121-1, Code du travail

Il y a quelque chose d’odieux à commenter un suicide, tragédie personnelle, familiale, tandis que, justement, la famille du mort tente de faire sens de la tragédie, et se débat avec le tumulte — émotionnel, financier — que cause cet arrachement brutal.

Le suicide d’Alexandre Heck, directeur du numérique à l’université de Haute-Alsace (UHA), a été commenté ici, par un billet. On y relatait l’insistance de la présidence de l’UHA à considérer ce suicide comme une décision personnelle qui ne saurait renvoyer à des conditions de travail difficiles. A contrario, les syndicats (personnels et étudiant·es) ne cessaient d’insister sur le lien entre la mort du chef de service et son travail.

Un article de L’Alsace, paru le 24 mars 2025 apporte des éclaircissements que l’on ne peut supposer être partisans. On apprend ainsi que :

Alexandre Heck éprouvait du mal-être au travail et avait consulté les syndicats. « Il m’avait dit que son travail n’avait plus de sens. Pourtant, il n’était pas homme à se plaindre. » Le vendredi 14, il embauche à 8 heures et repart une heure plus tard. Il aurait consulté la médecine du travail peu après pour un arrêt. Mais il met fin à ses jours dans la nuit du 16 au 17.

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Over his dead body. 1. Le choc et les silences à l’université de Haute-Alsace (UHA)

Mise à jour du 25 mars. Mail intersyndical envoyé aux personnels, faisant suite à l’AG:

Suite au décès d’un directeur de service, le CA de l’UHA réuni ce jour le 24 mars 2025 demande au Recteur de la Région Académique de diligenter au plus vite un audit par un organisme externe et indépendant à l’Université sur la situation générale de l’UHA et notamment les conditions de travail. Les résultats devront être communiqués au CA. » Une réunion d’urgence de la F3SCT est également demandée à nouveau


Le 17 mars 2025, le personnel de l’Université de Haute-Alsace apprenait que le directeur de la direction du numérique, Alexandre Heck, avait mis fin à ses jours. Le lendemain, un mail de la Présidence en avertissait la communauté universitaire.

Le jeudi 20 mars 2025, l’ensemble des personnels de l’université de Haute-Alsace recevait un mail de la FSU et de l’UNSA, qui relayait le refus du Président de l’Université à tenir en urgence « une réunion de la F3SCT en application de l’article R253-48 du Code général de la Fonction publique ».

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Antitziganisme : une expérience pédagogique

En ce jour de dénonciation antiraciste, Academia attire l’attention de ses lecteurs et lectrices sur une expérimentation pédagogique d’éducation aux médias, qui est aussi une expérience d’empouvoirement.

“Selon la rumeur, les kidnappeurs d’enfants seraient des Roms”… Avec l’aide de l’association Fake Off, et des journalistes expérimentées, plusieurs lycéen·nes mènent une enquête et rencontrent des familles roms, afin de combattre les préjugés. Une vidéo “Casse tes préjugés” rend compte de leur enquête.

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Italie: Mobilisation nationale à l’appel des travailleureuses universitaires précaires

Radio Blackout (radio indépendante qui émet depuis Turin) a interviewé Eleonora de l’Assemblea Precaria Universitaria di Torino (Assemblée Précaire Universitaire de Turin). L’interview est disponible en podcast sur le site web de la radio (en italien).

“Contro tagli, guerra e precarietà. Scioperiamo in università. No DDL Bernini” (“Contre les coupes, la guerre et la précarité. Faisons grève à l’université. Non au décret de loi Bernini”). Source: La Repubblica.

Academia traduit ci-dessous le texte qui introduit l’interview (19 mars 2025):

Ce lundi 17 mars 2025, l’ouverture de l’année académique a fait l’objet de protestations de la part des travailleureuses précaires et des étudiant·es de l’université. La mobilisation condamne la situation intenable des travailleureuses précaires, le partenariat revendiqué par le recteur de l’université de Turin Stefano Geuna avec Israël et la réorientation des fonds  de l’éducation vers le secteur de la guerre.

L’université de Turin a actuellement un trou budgétaire de 20 millions d’euros. Ce déficit est en partie dû aux coupes ministérielles. L’université a, par conséquent, décidé de geler 12,5 millions d’euros destinés à la recherche locale.

C’est un nouveau coup de canif après des années de désinvestissement dans l’enseignement supérieur en général et dans la recherche en particulier.

Au niveau national, le journal Il Manifesto indique que « la ministre Anna Maria Bernini a reconnu que les ‘protestations virulentes’ du mouvement des assemblées de chercheurs et chercheuses précaires, des associations et des syndicats l’ont obligée à ‘bloquer le processus parlementaire’ ». Toutefois, les protestations se poursuivent pour demander le retrait du décret ministériel (décret n°1170) et de la réforme de la pré-titularisation qu’il contient.

Pour écouter l’interview sur Radio Blackout, cliquez ici.

Pour lire le texte de la motion des personnels de l’Université de Turin (en italien), cliquez ici.

Budget 2025: un ruissellement qui tire tout le monde vers le ruisseau

  • Dominique Dupart, maître de conférences, Littérature française, Alithila, Université de Lille

Le montant du budget 2025 alloué aux Universités de ce bon pays de France est tombé. Les conséquences ont été immédiates, répercutées directement comme un poing sur la figure sur les universités les plus pauvres, les Départements les plus pauvres, les bibliothèques les plus pauvres, et, logiquement, aussi,  sur les étudiants les plus pauvres,  les enseignants-chercheurs les plus pauvres,  déjà les plus débordés, etc.

Deux exemples, deux, dont un que je suis en train de vivre de plein fouet avec mes collègues et mes étudiants à l’Université de Lille.

  1. Le budget du Département de Lettres baisse de 8% à Lille. Ce qui signifie,  en termes d’heures, l’équivalent de la suppression de l’ensemble de nos heures d’enseignement en Première année. Une baisse sans précédent. Une saignée.  Conséquences ? Multiples ! La licence est par exemple,  désormais, légèrement en dessous du nombre d’heures requises pour l’accréditation du diplôme. Mais peut-être est-ce le cas, à Lille, parce que nous sommes en province et que cette université (dans ces Hauts-de France qui ne roulent pas sur l’or,) est notoirement connue pour ses difficultés à assumer l’autonomie financière qui a découlé de la loi LRU ? Pas du tout !
  2. Le budget de la BIS ( Bibliothèque Paris-Sorbonne) arrêté le 31 janvier accuse de son côté une baisse de 35 %, tandis que l’enveloppe allouée aux affaires courantes est absorbée jusqu’à 72 % par des dépenses incompressibles. Et ici, donc, nous ne sommes pas à la pointe extrême du Kamtchatka des Hauts de France,  mais à Paris, Bibliothèque de la Sorbonne, avec les boiseries, les fresques murales, l’odeur du bâtiment ancien, etc.,

Le ruissellement agit donc tout à fait conformément aux prescriptions néo-libérales que tout le monde connaît désormais, mais,  nous concernant,  nous, les enseignants-chercheurs et les étudiants,  il agit dans son versant le plus maléfique, lui qui tire tout le monde vers le bas, à Paris, Province, les enseignements, les bibliothèques. Un ruissellement qui tire tout le monde vers le ruisseau. Un ruissellement à l’envers, ça s’appelle.

Le 12 mars, les étudiant·es de Lille ont envoyé 1000 courriers à l’Élysée pour protester contre les coupes budgétaires 2025 ! Créidt: DD, 2025

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HCÉRES : sifflons la fin de la partie !

Assez joué. Rendez-vous à 12h15 ce mardi 18 mars, àà l’angle bd Bonne Nouvelle/ rue Poissonnière

Il est temps de siffler la fin de la partie.  Les évaluations négatives du HCÉRES sur les licences et masters des Établissements de la vague E ont suscité stupeur, colère et très vive inquiétude dans la communauté. Comme l’a très bien expliqué Stéphane Bonnéry, professeur en sciences de l’éducation à l’Université Paris VIII, il s’agit ni plus ni moins d’une « attaque politique contre l’université de masse ».

Manifestation rue Poissonnière devant le Hcéres, 18 mars 2025. Crédit : Xavier Molénat

Le « Haut Conseil de l’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur » – un nom à rallonge pour masquer le vide intersidéral de ses rapports – s’érige dorénavant en grand inquisiteur des universités et des laboratoires. Sa mission ? Évaluer. Mais attention, on ne parle plus depuis belle lurette d’une évaluation constructive par des pair·es compétent·es. Non. On parle à présent de véritables tontons macoute de l’évaluation, ces évaluateurs panélistes dûment formatés à la novlangue managériale, à la numerasse kafkaïenne, aux  tableaux Excel absurdes, dressés par les adjudants-chefs du HCERES à pondre au kilomètre des pamphlets punitifs. Même la Cour des comptes ne s’y trompe plus, qui qualifie le Haut Conseil de“machine bureaucratique qui fait trop d’évaluations” : le Hcéres ne sert à rien.

Les récents retours de la vague E le montrent : les critères d’évaluation du HCERES pour les formations sont largement biaisés. L’institution rend des jugements tendancieux et préconçus en se basant sur des indicateurs froids et décontextualisés tels que les taux d’échec, les taux d’insertion professionnelle et la mobilité internationale des étudiants. Ces critères ignorent totalement le profil social des étudiants et les réalités socio-économiques des universités concernées. Des critères déconnectés de la réalité, des grilles d’évaluation rigides et uniformisantes, et surtout, une passion dévorante pour les buzzwords du moment, les acronymes fumeux et les sigles creux.

Conclusion d’un rapport d’évaluation Hcéres, 2025

Tout ceci découle de l’héritage laissé par Thierry Coulhon — dont le fils Raphaël, un temps au secrétariat de la présidence de la République, est désormais conseiller de l’enseignement supérieur, de l’innovation, du numérique et du jeu vidéo — auprès du ministre de la Culture —et de sa triste bande de bureaucrates désœuvrés qui ont été à la manœuvre, ces dernières années, pour instaurer ces processus délirants. Rappelons-nous au passage du fameux triptyque programmatif « indépendance, simplification, intégrité » qui devait marquer le mandat de « l’évaluateur-en-chef de l’ESR » (sic). On en rit encore et il n’y a plus besoin de développer aujourd’hui la fumisterie de la sacro-sainte « indépendance » de la boutique, le fiasco de la simplification des procédures et le ripolinage de l’intégrité scientifique. Du mandat précédent, il ne reste rien en dehors de ce delirium bureaucrationis…. et des recrutements très politiques qui truffent l’organigramme de la maison (tient, pour info, la petite dernière, la ChefCab de la présidence est cadre du parti Horizons… une tradition pour cette « autorité administrative indépendante », elle sera en bonne compagnie au côté des anciens d’En Marche, des sympathisants de l’Action Française ou des Jeunes avec Macron).

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Allez-vous appuyer sur le gros bouton rouge ? De la responsabilité face aux IA génératives

Imaginez : un matin, vous recevez un colis qui contient un petit cube, sur lequel se trouve un gros bouton rouge, protégé par un dôme de verre qu’il est possible de soulever pour appuyer sur le bouton.
Sur ce petit cube est collé un post-it indiquant la chose suivante :

Si vous appuyez sur le bouton rouge:
vous recevrez un million d’euros;
En contrepartie :
quelqu’un, quelque part dans le monde, que vous ne connaissez pas, mourra.

Cameron Diaz et James Marsden dans le film The Box

Cameron Diaz et James Marsden, incarnant Norma et Arthur, dans le film The Box (Richard Kelly, 2009), adaptation de la nouvelle Le jeu du bouton (Richard Matheson, 1970).

Allez-vous appuyer sur le bouton ?

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Une autre situation à présent.

Imaginez : un matin, vous recevez un colis qui contient un petit cube, sur lequel se trouve un gros bouton rouge, protégé par un dôme de verre qu’il est possible de soulever pour appuyer sur le bouton.
Sur ce petit cube est collé un post-it indiquant la chose suivante :

Si vous appuyez sur le bouton rouge, vous allez produire un texte de 20 lignes en quelques secondes, que vous auriez pu écrire vous même en 5 ou 10 minutes.
La contrepartie :

Allez-vous appuyer sur le bouton ?

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portrait d'Anscombe

Portrait de G. Elizabeth M. Anscombe (1911-2001), philosophe britannique, en 1979

Dans Le quartet d’Oxford : quand Elisabeth Anscombe, Philippa Foot, Mary Midgley et Iris Murdoch réinventaient la philosophie ((ouvrage de Clare Mac Cumhaill et Rachael Wiseman publié en 2023 et traduit chez Flammarion en 2024)), un épisode important de la vie de la philosophe Elisabeth Anscombe occupe le prologue et l’épilogue.

En 1956, l’université d’Oxford se proposa de décerner un diplôme honorifique à l’ancien président des États-Unis Harry Truman, principalement connu pour avoir donné l’ordre des bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki. Cette nomination devait être approuvée par la Convocation — corps réunissant les docteur·es et maître·sses de l’université — un mois avant la remise. Elizabeth Anscombe prit la parole pendant cette réunion contre la remise du diplôme et affirma, face à des collègues choqués que cette femme en pantalon s’oppose à leur sagesse :

« Je m’oppose catégoriquement à notre action de rendre honneur à Mr Truman, car la louange et la flatterie ne sont pas sans nous faire partager la culpabilité d’une mauvaise action. »

https://itoldya420.getarchive.net/amp/topics/harry+s+truman+in+1951

Photograph of President Truman at his desk in the Oval Office on the occasion of his speech to the nation on… – NARA – 200355

Face à cet argument, il fut objecté que Truman avait certes commis «une erreur», mais qu’il n’avait pas fabriqué lui-même la bombe, qu’il était seulement responsable de la signature en bas de l’ordre, et qu’il avait fait de bonnes choses dans sa carrière ; pour tout cela, « on aurait tort de chercher à PUNIR Mr Truman ! ».

La motion en faveur du diplôme honorifique passa, mais Anscombe rédigea un pamphlet destiné à paraître avant la cérémonie de remise prévue le 20 juin ; celui-ci peut être trouvé aujourd’hui sous le titre “Mr. Truman’s degree“.

couverture japonaise de l'essai Mr Truman's Degree

Couverture japonaise d’un recueil de textes d’Elizabeth Anscombe, dont “Mr Truman’s Degree”

Dans ce texte, Anscombe s’applique à démontrer que endosser un ordre par sa signature “équivaut à accomplir un meurtre de masse”, à condition que cela se fasse “sur le fond d’un certain arrière-plan”. En l’occurrence, un arrière-plan dans lequel la Constitution états-unienne donne cette prérogative au Président, celui dans lequel l’enrichissement de l’uranium par les scientifiques permet une réaction nucléaire avec un dégagement d’énergie considérable, celui dans lequel des ingénieur.e.s ont conçu des avions permettant de transporter des bombes A, etc.

Mais cet arrière-plan était si vaste et si complexe que le lien entre le geste de la main de Truman et l’anéantissement de plus de 200 000 vies n’était plus perçu par la plupart des membres de la Convocation. Le monde avait changé rapidement et violemment avec la guerre, il était devenu méconnaissable, et dans ces bouleversement destructeurs s’était perdu le fil rouge de la responsabilité.

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