Défavorable, réservé mais surtout pas favorable – L’HCERES sort les dents

Comme beaucoup s’en font fait l’écho (ici, Julien Gossa, 9/03/25) et même dans la presse (L’Humanité, 16/02/2025, Entretien avec Stéphane Bonnéry), l’HCERES n’a pas ménagé sa peine pour la vague E, au point de se demander qui ou quoi était à la manoeuvre pour qu’autant de haine, pardon, d’avis “défavorables”, déferle sur les formations en Arts, lettres et sciences humaines du quart nord de la France. Dans une zone déjà fort paupérisée, mal dotée en services publics et où le RN fait des scores faramineux, apparemment l’accès aux études supérieures humanistes et aux formations de l’Université publique ne serait plus (?) un levier de lutte contre l’extrême droite. Il est plus important de saper encore plus le travail des universitaires (en les humiliant au passage, ça ne coûte rien) et de dégrader l’accueil des étudiant·es que de les aider à offrir de meilleures conditions d’études. Désormais, L’Humanité titre même qu’une “fraude massive” pourrait expliquer cette abondance soudaine de formations à agonir rapidement et dans la philosophie désormais connue comme celle du DOGE aux Etats-Unis, le blitz administratif à la tronçonneuse :

“Certains signes pourraient laisser penser que les avis négatifs sur de très nombreuses licences et maîtrises publiés par le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur ne correspondent pas aux appréciations émises par les chercheurs qui les ont réalisés.” (Hélène May, L’Humanité, 9 mars 2025)

 

Un précédent dans la vague contre les écoles d’art : le DNA (diplôme des arts) de l’EMA Chalon-sur-Saône

Ce stratagème de déstabilisation a pourtant déjà été éprouvé lors d’un cas précédent, en 2023, et qui a conduit à la sortie d’une formation diplômante de Parcoursup. L’EMA École Media Art de Chalon-sur-Saône est une école d’arts gérée par le Grand Chalon (communauté de communes) et sous tutelle du ministère de la Culture et de l’ESR pour son accréditation (AEF, 6/12/25). (Fun fact, c’est la ville d’origine de l’actuelle Ministre de la culture, Rachida Dati qui en janvier 2024 venait de prendre ses fonctions). Ces établissements, comme les établissements du supérieur telles que les universités, soumettent également leurs formations au processus d’évaluation de l’HCERES : d’abord le bilan, avec des indicateurs standardisés, puis le projet, ce qui permet dans un second temps d’envisager comment, en prenant acte des commentaires des évaluateur·ices, il est possible de corriger le tir. Le but était de maintenir la formation, en l’occurrence, un DNA, Diplôme National d’Arts, équivalent au niveau Bac+3. Sur le bassin, à Chalon-sur-Saône, il s’agissait d’un des rares établissements supérieurs publics avec l’IUT de l’Université Européenne de Bourgogne, lui aussi à Bac+3. L’école, avec sa petite réputation dans le monde de l’art et en particulier de la photographie, est un moteur important et historique de la vie culturelle locale, Chalon étant la ville de naissance de Nicéphore Niepce, un des inventeurs pionniers de la photographie et qui a son musée dans la même ville.

Crédit : Steve Henot “La grogne monte à l’Eesi Poitiers“, 14/12/22, Le 7 Info

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Quand l’ENS de Lyon se met au vert… kaki !

Comment l’industrie de l’armement et l’armée investissent et infiltrent tranquillement les milieux universitaires « à l’insu de leur plein gré »

Une nouvelle association étudiante (créé en sept 2024) « Géopo’Litiges » a vu le jour à l’ENS de Lyon. Elle organise depuis quelques temps des conférences sur des sujets de « relations internationales, de stratégie et de défense » en invitant des « experts ». Or, comme le révèle son organigramme, cette association est liée aux milieux aristocratiques et au monde militaire, notamment via l’IHEDN, un institut placé directement sous la tutelle de l’armée et dont une des missions est de « renforcer l’esprit de défense » au sein de la jeunesse et à l’université. Le plus gros financeur de IHEDN est la société MBDA (industrie de missiles et de systèmes de missiles).

Cela pose question quant à l’indépendance de l’association « Géopo’Litiges » et à ses objectifs réels sous couvert de « débats géopolitiques », surtout dans le contexte actuel. Les conférences qu’elle organise peuvent-elles satisfaire aux exigences d’esprit critique et d’objectivité scientifique que l’on est en droit d’attendre au sein du milieu universitaire ? Ainsi, pour sa prochaine conférence, l’association met fièrement en avant la présence de représentant·es de la DGSE – DGSI. On peut dès lors affirmer avec certitude qu’aucun·e intervenant·e ne parlera du rôle tout sauf « défensif » que joue la DGSE dans les réseaux de la Françafrique, en soutien à des dictatures ou à des multinationales françaises. Personne non plus ne rappellera le rôle de la DGSI dans l’espionnage de syndicalistes, de journalistes ou de militant·es écologistes pour le compte de l’État ou d’intérêts privés (voir par exemple l’affaire Squarcini actuellement devant les tribunaux).

La CGT et le syndicat étudiant Écharde s’étonnent de voir que l’association « Géopo’Litiges » remercie l’ENS de Lyon « de son soutien indéfectible ». L’ENS a-t-elle vocation à soutenir une telle association ? En quoi consiste ce soutien ?  Gratuité de l’amphi Mérieux (prix de la location entre 1900€ et 3800€) ? Qui assure le financement des prestations obligatoires de sécurité, de ménage et de vidéo pour de tels évènements ? L’ENS avec de l’argent public ?

La CGT et Écharde tiennent également à dénoncer un partenariat à l’ENS de Lyon avec l’entreprise d’armement Thales, partenariat pour un produit « unique au monde ». Ce partenariat est particulièrement choquant alors qu’une enquête publiée par l’ONG Disclose révèle que des équipements fournis par Thales sont impliqués dans le bombardement de civils à Gaza. Notons également que le cours boursier de Thales et ses bénéfices ont explosé grâce à la guerre en Ukraine et au réarmement massif (action +76% depuis le 1er janvier 2025).

Les universités sont actuellement en grande difficulté financière en raison du désengagement chronique de l’état qui préfère enrichir les marchands d’armes plutôt que de parier sur une jeunesse éclairée. Nous serons d’autant plus vigilants quant aux partenariats que l’ENS serait tentée de signer et dénoncera tout manquement à ses obligations éthiques.

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Le HCERES coupable de fraude massive ? Appel à témoins

Appel à témoins

Chères et chers collègues,

Plusieurs membres de comités d’évaluation de la vague E commencent à témoigner de façon officieuse de ce que les rapports HCERES qui nous ont été envoyés ont été modifiés : ce n’est pas la conclusion qu’ils ont écrite.

Si vous connaissez une personne qui a participé à l’un des comités de visite de la vague E, dans notre établissement ou dans un autre, merci de la contacter pour vérifier avec elle si l’évaluation qui nous a été envoyée par l’HCERES est bien celle que le comité composé de collègues a rédigé, ou s’il a été modifié, et donc entaché d’une intervention qui n’avait pas lieu d’être.

Plusieurs journalistes de différents médias sont demandeurs de ces
témoignages, qui pourront rester anonymes si la personne concernée le souhaite.

Faire connaitre cette manipulation peut nous aider à obtenir l’annulation de l’évaluation de la vague E, et la remise à plat des procédures comme des critères d’évaluation.

Chacune et chacun de nous a un rôle décisif à jouer.

Stéphane Bonnely

Évaluation des licences et des masters: les profs et les syndicats soupçonnent une fraude massive, par Hélène May, L’Humanité, 9 mars 2025

Que s’est-il passé au Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCéres) ? Les dernières évaluations des formations en licence et master fournies par cette autorité indépendante ont-elles été modifiées pour répondre à une volonté politique de discréditer certaines formations ?

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Hcéres : tempête dans la vague E

Le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) vient de transmettre ses évaluations provisoires aux formations des établissements de la vague E, suscitant des réactions publiques particulièrement hostiles de la part de la communauté universitaire. S’il n’y a rien de fondamentalement nouveaux dans ces critiques émises par la communauté, le contexte de double tension budgétaire et politique explique sans doute l’intensité de la colère. C’est l’occasion de se questionner sur les perspectives qui s’ouvrent à l’Hcéres, dans le cadre du renouvellement de sa présidence.

Les évaluations Hcéres sont organisées en cinq « vagues », correspondant à des parties différentes du territoire, organisant un roulement sur cinq ans. Les résultats provisoires de la vague E sont tombés il y a quelques jours, avec un nombre d’avis défavorables perçu comme particulièrement élevé. 75% des formations du 2ème cycle et 60% de celles du 1er cycle ont reçu un avis favorable, ce qui ne diffèrent pas des autres années. Mais sur le quart des formations ayant reçu un avis défavorable (364 sur environ 1 400), beaucoup se concentrent sur certains établissements, certaines formations et certaines disciplines, avec des proportions pouvant monter jusqu’à 40%, voire 75% selon les sources.

Une vague d’indignation

Rapidement, l’information circule sur les listes mail et les réseaux sociaux, allant jusqu’à la publicisation de la liste des experts, sur un mode « name and shame » inhabituel, qui témoigne d’une colère très particulière. La CGT Nanterre se demande « Que faut-il faire pour rencontrer l’approbation de l’HCERES ? », le SNESUP estime qu’il s’agit d’une « Une campagne d’évaluation brutale et inexplicable » et lance un appel « Mobilisons-nous ! », et la CGT FERC-SUP considère que « Le HCERES tombe le masque ! », et « a évalué le HCERES et demande sa dissolution ». Stéphane Bonnéry, dans l’Humanité, dénonce « Une attaque politique contre l’Université de masse » et RogueESR y voit « le signe distinctif des tours de vis autoritaires et bureaucratiques » et relance sa pétition « Supprimons le Hcéres ».

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StandUp4Science et pour les agent∙es de nettoyage à SciencePo Paris

En ce jour de mobilisation pour la science à travers le monde, Academia vous invite à contribuer à la caisse de grève afin de soutenir les travailleuses et les travailleurs du nettoyage, dont l’activité est indispensable à l’enseignement supérieur et à la recherche. Premier·es à avoir été exclu·es des personnels de l’université, qui rachète leur travail à des entreprises privées, elles subissent le résultat de cette transaction, qui fait très souvent fi de leur rémunération, de leur carrière mais aussi de leurs conditions de travail. Plutôt que d’ouvrir des négociations, la direction de Science Po Paris a préféré passer en distanciel, outil bien connu pour fragiliser les mobilisations.

Soutien à la caisse de grève

Dès 6 heures du matin, les agents débutent leur piquet de grève. Depuis 2017, ils sont employés sur les sites de l’université. Cependant, les “conditions de travail se sont dégradées depuis plus de deux ans“, déplore Layla Mabrouk, représentante syndicale du personnel et co-responsable des sites et des équipes.

Le cortège tente de rentrer dans l’enceinte, mais les portes sont closes. Alors, ils s’avancent vers le nouveau campus, place Saint-Thomas d’Aquin, et s’y engouffrent. François Ruffin, député Écologiste et Social, les rejoint et en profite pour annoncer un don de 500 euros pour la caisse de grève, en invitant les élus à faire de même, d’après une étudiante membre du Collectif du Lien Sciences Po.

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Les IA génératives ou la pensée en bouillie

Deux billets d’humeurs piquants au sujet des IA génératives écrits par des universitaires nord-américains ont été publiés ces derniers jours.

Le premier, par le philosophe et poète Troy Jollmore, intitulé “Autrefois, mon métier était d’enseigner à des étudiant.e.s. A présent, je suis un dépisteur de triche ChatGPT”, sur The Walrus.

On y lit notamment l’extrait suivant, à propos de l’anti-intellectualisme nord-américain :

« La meilleure façon de faire comprendre aux gens pourquoi l’instruction compte, c’est de les instruire ; on ne peut pas vraiment saisir cette valeur depuis une position d’extériorité. Il y a toujours des étudiant.e.s qui se montrent volontaires mais qui ressentent une résistance face à toute aide apportée pour leur apprentissage. Ils et elles ont besoin, jusqu’à un certain point, qu’on les tire. Mais lorsqu’ils et elles sont pris.es dans le processus du travail à faire pour rendre des devoirs, certain.e.s d’entre elleux commencent à le sentir. Ils et elles commencent à saisir que bien penser, de façon informée, est vraiment différent d’une pensée pauvre et depuis une position ignorante. Ce moment, où vous commencez à comprendre la puissance d’une pensée claire, est crucial. Le problème avec les IA génératives, c’est qu’elles court-circuitent intégralement ce processus. […]

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“Afin que notre voix porte le plus loin possible”. Étudiant∙es de Poitiers contre la politique du gouvernement, février 2025

De nombreuses facs sont bloquées contre les budgets amputés, mais les informations circulent peu et les luttes peinent à converger. Un point sur une initiative inédite par son ampleur à l’Université de Poitiers (Lettres et Langues) : non pas “bloquer”, mais habiter. Depuis le mardi 11 février, les étudiant.e.s de Lettres et Langues à Poitiers ont décidé un blocage d’une nature inédite : habiter la fac, y vivre de manière autogérée, et organiser des AG accueillant le plus grand nombre. Voici le texte qu’iels ont rédigé pour présenter leur mouvement :

Les origines de notre mouvement se trouvent dans un appel de l’inter-organisation étudiante de Poitiers en réponse aux coupes budgétaires à hauteur de 1,2 milliards d’euros concernant l’enseignement supérieur et la recherche. Cette suppression faisant partie du projet de loi de finances passé lors d’un 49-3 que Bayrou a eu « l’honneur » d’utiliser.

Poitiers, février 2025. Crédit: MCR

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Soutien antifasciste à Maboula Soumahoro

Maboula Soumahoro, chercheuse à l’université de Tours, invitée ce mardi 11 février 2025 de “ici Touraine”, revient sur le bouleversement de sa vie quotidienne depuis le harcèlement subi en décembre.

Maboula Soumahoroa a répondu aux questions de “ici Touraine” à distance ce mardi matin. La chercheuse Maboula Soumahoro, maîtresse de conférences en civilisation du monde anglophone à la Faculté des Tanneurs de Tours, donne ses cours en visio, pour des questions de sécurité. C’est quelque chose qui fait peur. C’est une prise de contrôle de votre mobilité, de vos mouvements, déplore-t-elle. Depuis le mois de novembre, elle subit une campagne de haine en ligne. Ce sont des insultes, généralement“, explique-t-elle. Et une menace de mort reçue par l’Université de Tours.

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L’IA, junk food de la pensée

  • par Christophe Cailleaux et Amélie Hart, enseignant·es en histoire-géographie dans le secondaire et membres du groupe numérique du SNES-FSU.

L’argument le plus utilisé pour justifier l’imposition de l’intelligence artificielle (IA) dans l’éducation est le déjà-là. Dans un récent entretien donné à Ouest-France le 6 février 2025, Elizabeth Borne affirme que « la quasi-totalité des lycéens et étudiants utilisent régulièrement l’IA contre environ 20% des professeurs». Les élèves utiliseraient massivement l’IA, il serait donc nécessaire de l’utiliser en cours. Cette affirmation se fonde sur une série d’impostures que nous nous proposons de déconstruire ci-dessous.

Des fondements erronés

D’où viennent les estimations avancées par Elizabeth Borne ? La ministre ne se donne pas la peine de le préciser, par manque de temps sans doute. Comme nous aimons faire preuve d’esprit critique, nous voilà incité·es à mener quelques recherches.

Il est bien difficile de définir l’IA en peu de mots Comme le montre cet article, l’IA est avant tout un objet volontairement indéterminé qui permet notamment de soutenir des discours de marketing et de politique publique (de plus en plus difficiles à distinguer) ; à de nombreuses reprises dans les lignes qui suivent, il sera justement question de cette IA comme objet flou. Mais de manière plus rigoureuse (si c’est possible), nous désignons par IA l’ensemble des techniques et des machines visant à simuler de manière autonome (et donc à automatiser au moins partiellement) des capacités humaines considérées comme intellectuelles1

Dans le même entretien E. Borne fait allusion à la Charte d’utilisation de l’IA à l’école, un document que nous avons pu consulter, dans une forme provisoire2. On y lit, au détour d’une note de bas de page, que «90 % des élèves de Seconde ont déjà utilisé l’IA Générative pour s’aider à faire leurs devoirs ». Et cette fois, une source est donnée : l’information viendrait de « l’enquête Heaven de juin 2024 » citée par un récent rapport du Sénat3. On avance.

Hen and Rooster with Grapevine (1792), Itō Jakuchū, The Metropolitan Museum 1792

Pas tout à fait, car de nouveaux problèmes surgissent :

  • tout d’abord parce que Heaven est une agence de publicité. Il ne s’agit donc pas d’une enquête mais bien d’une campagne de publicité – la distinction ne devrait pas être superflue. Un simple coup d’œil à la page Linkedin de Heaven suffit à comprendre : « Heaven est une agence de publicité next-generation. Heaven s’appuie sur sa connaissance des nouveaux comportements digitaux et sociaux pour concevoir et déployer des stratégies et des campagnes innovantes et performantes ».
  • de plus, les chiffres de cette campagne marketing ne sont qu’approximativement ceux du rapport du Ministère : Heaven évoque « 86% d’usage des IA » sur une population de « 499 répondants de 18 à 21 ans » (étudiants et/ou salariés) alors que le document du ministère parle de 90 % d’usage des IA pour des « élèves de Seconde » !
  • enfin nulle part il n’a été question de définir, même rapidement comme nous l’avons fait ici, ce qui est entendu par IA.

Pour servir une politique publique

Voilà qui paraît bien confus. Il est possible après tout que la source de Mme Borne soit tout autre. Bien plus fiable sans doute. Nous avons donc continué à chercher, sans grand succès, rencontrant toutes sortes de sources fort approximatives que la Ministre aurait tout aussi bien pu citer. Ainsi, une « étude » décidément — menée par de grands spécialistes en éducation là encore Opinion Way et 20Minutes — donne un portrait plus contrasté de l’usage des IA parmi les jeunes et notamment la montée de questionnements sur le coût environnemental de ces technologies4. Mme Borne pouvait aussi jeter un œil à une véritable enquête menée cette fois par l’INSEE belge, Statbel, qui donne chiffres sensiblement différents5.

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  1. Nous renvoyons aux discussions du n°437 de La Vie de la Recherche Scientifique, juin 2024. []
  2. Le texte est actuellement présenté aux différents « acteurs » de l’Éducation nationale, dans le cadre d’une « consultation ». Les guillemets ne sont pas superflus. []
  3. Christian Bruyen et Bernard Fialaire, « Rapport IA n° 3 – IA et éducation : accompagner les développements en cours », 30 octobre 2024 []
  4. Des chiffres qu’on peut retrouver sur un site d’une grande rigueur scientifique : https://www.moijeune.fr/ []
  5. Résultats d’une enquête menée sur l’utilisation des TIC auprès des ménages menée en 2024. []

Harcèlement en école de journalisme. 1. Violences ordinaires d’un boys’ club blanc

Avec l’accord de l’autrice qui nous a laissé carte blanche pour l’éditorialisation, Academia publie un texte de 2019 sur le harcèlement que Nassira El Moaddem a subi, en deux volets. Le premier décrit l’environnement qui a autorisé les violences racistes et sexistes comme le harcèlement, autorisé par la direction de l’école. Ce texte, courageux, s’inscrit dans la collection “Harcèlement” que nous documentons, et propose, très concrètement, des solutions dont écoles et universités doivent se saisir.

  • par Nassira El Moaddem, journaliste, Medium, 16 février 2019

Harcèlement et humiliations en école de journalisme : mon histoire n’est pas une exception, elle est la règle partout, tout le temps

En décembre 2017, j’ai décidé de parler publiquement du canular téléphonique dont j’avais été victime cinq ans plus tôt lors de ma dernière année à l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille en nommant les auteurs de ces agissements, parmi eux les journalistes Martin Weill et Hugo Clément. Trois étudiants de ma promotion, de mon groupe de télévision, qui à deux reprises se sont faits passer au téléphone pour les ressources humaines de Radio France me faisant miroiter un recrutement et propageant des rumeurs à mon encontre au sein de l’école : je cherchais à voler la place d’autres étudiants dans des médias, je mentais sur mon CV, j’étais ambitieuse au point de vouloir écraser les autres. À l’époque, j’étais enceinte de mon premier enfant. Je ne l’avais pas dit car je connaissais la toxicité de ces étudiants et savaient qu’ils s’en serviraient contre moi dans mon début de carrière professionnelle. Ils avaient déjà commencé à tisser leur réseau. À l’époque, j’avais déposé une main courante dans un commissariat du 9ème arrondissement de Paris car je n’avais aucune confiance et pensais qu’ils pouvaient aller encore plus loin. Durant la scolarité, ces mêmes étudiants “s’amusaient” également à diffuser sur les ordinateurs de l’école le clip “La Zoubida” avant nos cours de télévision (j’étais la seule étudiante d’origine arabe dans le groupe) et l’un d’entre eux, délégué des élèves de notre promotion, prenait un plaisir à me surnommer “Saddam”. Voilà pour l’ambiance.

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Forum Actions Critiques (FAC) à l’Université de Caen Normandie

Université de Caen Normandie – Campus 1 – du 24 février au 21 mars 2025

Affiche du Froum Actions critiques, 24 février-21 mars 2025

Depuis 2019, SUD Éducation, Solidaires Étudiant.es ainsi que les Ateliers du Genre (et Main violette à partir de 2023) organisent une Semaine des féminismes à l’Université de Caen Normandie, avant le 8 mars – journée internationale de lutte pour les droits des femmes. A travers des conférences, tables rondes, ateliers, projections de film, etc., cette initiative cherchait à faire vivre les idées et luttes féministes auprès des étudiant.es et du personnel, mais aussi à défendre l’adoption d’une charte antisexiste au sein de l’établissement.

L’Université de Caen Normandie a fini par adopter en 2024 ce document rappelant la nécessité d’une mobilisation institutionnelle contre les propos et comportements sexistes en se dotant notamment d’un dispositif spécifique permettant de mieux prendre en charge les agent.es et étudiant.es victimes de violences sexistes et sexuelles.

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Le HCERES tombe le masque !

Communiquéde la CGT FercSup, 18 février 2025

Il agit désormais clairement au service de l’idéologie néolibérale et du gouvernement pour accélérer la destruction programmée de l’Enseignement Supérieur public.

La sanction commence à tomber. Dans de nombreuses universités, les rapports et avis HCERES de la vague E (Hauts-de-France et Ile-de-France, Réunion et Mayotte) arrivent en ce moment. Ils mettent au pilori de larges pans des offres de formation, en particulier pour les formations de second cycle. La proportion d’avis négatifs est en augmentation exponentielle soudaine par rapport aux deux vagues précédentes.

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Évaluation des licences et masters par le Hcéres : « C’est une attaque politique contre l’université de masse »

  • Entretien de Stéphane Bonnéry, professeur en sciences de l’éducation à Paris VIII, membre du PCF et directeur de La Pensée, par Hélène May, L’Humanité, 16 février 2025.

Pourquoi tirez-vous la sonnette d’alarme ?

Nous sommes très inquiets. Les résultats des évaluations des diplômes de licences et masters, qui sont tombés le 14 février, montrent une proportion anormalement importante de ces formations, parfois jusqu’à la moitié d’entre elles, ayant reçu un avis défavorable ou réservé de la part du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCERES).

Cette vague d’évaluations défavorables concerne les universités d’Île-de-France hors Paris, des Hauts-de-France, de Mayotte et de la Réunion, soit des universités implantées dans des milieux peu favorisés. Il s’agit d’une attaque politique et idéologique. Cela pourrait aboutir à la fermeture des formations critiquées, via une baisse de financement ou un refus d’ouverture de postes. Cela pourrait aussi nous obliger à mettre en œuvre des mesures contraires à ce que nous estimons nécessaire à la qualité de formation.

En quoi consistent ces évaluations ? Continuer la lecture

Campagne de diffamations et d’intimidations qui vise le séminaire Palestine ENS-PSL. Communiqué

Statement in English

Paris, le 17 février 2025

Notre séance du 10 février intitulée “Antisémitisme et antisionisme”, qui avait pour intervenant·e·s des auteurices de l’ouvrage Contre l’antisémitisme et ses instrumentalisations (La Fabrique, 2024) et Antisionisme : une histoire juive (2023), nous a valu d’être diffamé·es sur les réseaux sociaux et d’être intimidé·es avant et pendant la séance. Il s’agit d’attaques particulièrement infamantes et graves qui s’en prennent non seulement à notre séminaire et à ses invité·e·s mais aussi à l’École Normale Supérieure et à ses étudiant·es.
Nous condamnons fermement ces accusations diffamatoires et les insultes racistes et islamophobes qui ont suivi sur les réseaux. 
Le séminaire Palestine n’est jamais sorti du cadre établi avec la direction de l’ENS. Il a toujours été un lieu précieux d’exercice de la pensée critique, et nous réitérons, à chaque séance, des règles de conduite qui ne tolèrent pas d’exception (pas de commentaires racistes, islamophobes, antisémites, etc), afin que les séances restent sereines. 

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