Alors que nous apprenons que la police, sur demande du président Vendrix, procède à l’évacuation du site des Tanneurs, occupé depuis dix jours, nous reproduisons ici le communiqué fait par les étudiant-es hier. Nous reproduisons à la fin de ce communiqué le texte paru sur La Rotative, qui décrit le déploiement des forces policières. 

Communiqué des étudiant.e.s en lutte, en réponse au mail du 20/01 du président de l’université

Après plus d’un mois de mobilisation et suite à plusieurs jours de blocage, l’université a enfin accepté de dialoguer avec les étudiant.e.s en lutte.

Cependant, cette discussion n’a eu pour but, comme la présidence l’explique dans son mail, que de tenter de mettre fin au blocage. Nous tenons à rappeler que les décisions à ce sujet se prennent en Assemblée Générale (AG), ce qui veut dire que les négociations ultérieures ne peuvent porter que sur les modalités de ce blocage et ne peuvent à aucun moment le remettre en question ; ce serait un déni de démocratie puisque l’AG est souveraine. C’est aussi parce que nous défendons une certaine vision de la démocratie que nous avons refusé la modalité du vote électronique.

Il existe, en effet, deux modèles de démocratie. Le modèle libéral, qui s’applique dans nos pays, considère uniquement la société comme une agrégation : elle réduit la politique à un vote, comme acte d’achat, de consommation, d’une proposition ou d’un candidat. Ces choix s’effectuent alors sur la base du seul point de vue de l’individu, relativement à ses intérêts propres, sans tenir compte de ceux des autres participant.e.s à la vie publique. L’autre modèle, celui que nous défendons, a pour but de faire exister un collectif par la discussion : il crée un espace de dialogue, un vrai débat public, pour que chacun.e puisse exprimer son point de vue et comprendre celui des autres. Ce modèle a pour vocation, autant que possible, de reformuler les propositions jusqu’à l’émergence d’un consensus. Il est important pour nous de faire comprendre que notre action doit être comprise à la fois comme une lutte contre des réformes (des retraites, de l’assurance chômage, de l’enseignement supérieur et de la recherche) et des situations (comme la précarité étudiante) mais aussi comme une expérience politique pour appréhender, par la pratique, les moyens de faire émerger un autre modèle politique et les difficultés à surmonter pour le construire.

De plus, nous tenons à exprimer nos difficultés à négocier de manière constructive avec une université qui, depuis le début du mouvement, applique une stratégie de harcèlement, par de petites mesures (comme les coupures de chauffage, d’électricité et d’internet ainsi que le blocage des accès aux personnes à mobilité réduite sur le site des Tanneurs), mais aussi par des menaces. La communication de l’administration nous présente comme des personnes radicales, dangereuses et sourdes au dialogue alors que nous vous avons invité.e.s dans notre précédent mail, à venir discuter avec nous et qu’un certain nombre de personnes venues nous rencontrer nous ont témoigné leur surprise quant à l’écart entre l’image des locaux véhiculée par l’administration et par nos opposants d’extrême droite et l’état réel des lieux.

Nous considérons que, contrairement à ce qu’annonce la présidence dans son mail d’hier, c’est seulement l’établissement du rapport de force qui a contraint l’université à finir par accepter le dialogue. C’est grâce au soutien des enseignant.e.s mobilisé.e.s, de l’intersyndicale et des diverses personnes qui sont passées nous voir et aux critiques que la présidence a subi à cause de sa communication désastreuse, qui continue aujourd’hui, que cette présidence se décide, enfin, à nous écouter.

“Gros déploiement policier pour évacuer la faculté des Tanneurs”, La Rotative, 22 janvier 2020

Source: La Rotative Gros déploiement policier pour évacuer la faculté des Tanneurs – 22 janvier 2020 Une dizaine de fourgons de CRS, des flics armés de fusils d’assaut, les gros bras d’une entreprise de sécurité… Ce mercredi 22 janvier vers 6h30, une opération de police a été lancée par la préfecture pour évacuer les bâtiments de la faculté des Tanneurs, occupée par des étudiant-es depuis le 13 janvier. Les occupant-es ont pu quitter les locaux avant l’intervention des flics. Une personne aurait été interpellée. Dans un communiqué, la préfecture indique que l’intervention de la police a été réclamée par le président de l’Université, Philippe Vendrix. Pour justifier l’évacuation, la préfète invoque notamment « une rixe […] entre les occupants et un groupe hostile au blocage ». Une manière complaisante de décrire l’intervention violente de deux groupes d’extrême-droite dans les locaux de la fac le 15 janvier dernier Policiers équipés de fusils d’assaut. Source: La Rotative

Source : Facebook des étudiant-es en lutte – Tours