Ens Cash Machine
Gymnase ou festive ? Soutien à la mobilité sortante ou repas CROUS pour les étrangers ? Thalès ou Solvay ? Plat ou dessert ? Quand l’EM Lyon devient Le modèle économique à l’ENS…
Pour compenser le désengagement de l’État et faire face à ses difficultés financières, l’ENS sacrifie son histoire sur l’autel de la rentabilité. La direction accentue son approche entrepreneuriale, une tendance à la « marchandisation des études » qui se développe un peu partout dans les universités européennes, sous la pression des gouvernements conservateurs.
C’est ainsi que notre direction essaie de maximiser un « retour sur investissement » en ciblant les étudiant.es étranger.es, dont les frais d’études vont exploser (1500€), mais aussi toutes celles et ceux qui vont s’inscrire au diplôme, au risque de faire émerger une vision clientéliste et socio-discriminante des études.
D’autres pistes sont à l’agenda de la direction :
- Créer une fondation avec des entreprises et fonds privés de type «venture capital» ;
- Trouver des mécénats d’entreprises qui d’autant s’exonéreront1 ;
- Développer un marketing agressif de l’excellence et de la compétition ;
- Renforcer une culture managériale néolibérale qui déjà fait des dégâts dans les services.
Jusqu’où et avec quelles implications ?
Nous devrions nous inquiéter de la décision de la présidence parce que nous savons que dans ce type d’établissements :
- Les personnels sont de plus en plus pressurisés : semaine après semaine, le suivi des taches (reporting) se concentre sur une étude permanente du chiffre d’affaires et de la rentabilité ;
- Les étudiant.es s’endettent de plus en plus, celles et ceux qui ne sont pas des héritiers se demandent comment et quand ils pourront rembourser ;
- Certains départements (souvent dans les SHS) sont jugés trop onéreux ou pas rentables et leurs enseignants se voient proposer des plans de départ volontaires;
- Les universitaires sont évalués en permanence, leurs cours enregistrés pour surveiller leurs propos et leurs opinions sont scrutées sur les réseaux sociaux, au profit d’une culture de « l’audit » qui met en danger le contenu des programmes d’études et, par extension, des savoirs, comme les libertés académiques.
Nous ne comprenons donc pas les élu.es étudiant.es de l’Ens lorsqu’iels cautionnent l’augmentation des frais d’inscription (plus que cautionner, iels sont à l’origine du plan en PJ), dans une proposition sur papier à en-tête de l’Ens (!), mâtinée d’une “couche sociale”2 via les revenus imposables des parents, qu’iels signent et transmettent à l’ensemble du CA. Selon elleux, il y aura toujours la possibilité de faire un échelonnement des paiements ou un business plan ou compter sur leur famille CSP+.
On est malheureusement bien loin des baisses des frais d’inscriptions obtenues en 2020-2021 par les élu.es étudiant.es précédent.es qui avaient coalisé une large majorité au conseil d’administration et qui n’ont eu cesse de se battre contre les réformes ultra-libérales ! Au moins nous sommes tranquilles, Mr Wauquiez votera des 2 mains ce projet et ne menacera pas de couper la subvention de la Région Aura pour l’ENS !
Nous dénonçons également ce projet pour une autre raison majeure : ses implications
sur les collègues BIATSS de la VPE et des services centraux (DAF, agence comptable, etc. ) qui vont devoir gérer ces procédures chronophages sans aucun renfort ni reconnaissance professionnelle. Or, ces collègues sont totalement oubliés dans le programme des élu.es étudiant.es. Nous leur rappelons que nos collègues BIATSS ne sont pas des courbes, mais des travailleur.euses qui sont déjà en sous effectif chronique, certain.es en souffrance, du fait des turnover, du manque de recrutement et de la précarité des contractuel.es. Des signalements et des alertes sont déposés régulièrement et une expertise en cours. Nous n’acceptons pas que nos collègues soient invisibilisé.es par les élu.es étudiant.es, certes petits génies d’algorithmes des revenus fiscaux parentaux, mais totalement déconnecté.es de la réalité.
Au total La CGT réaffirme ici que la scolarité doit être gratuite dans un établissement public. Nous revendiquons l’égalité de traitement entre tous les étudiant.es, sans discrimination de nationalité.
L’actualité est suffisamment nauséabonde avec l’extrême droite si proche du pouvoir ! Et nous n’accepterons pas que les collègues Biatss soient malmenés au quotidien.
- Voir des entreprises qui bénéficient déjà du crédit impôt recherche. [↩]
- Voir le descriptif en PJ : Les nouveaux montants iront de 0€ à 1500€ (actuellement 213€ pour les élèves et 107€ pour les étudiants). Vous pourrez découvrir la proposition faite par les élu.es étudiant.es avec un mode d’emploi assorti d’une courbe des impôts des parents, ainsi que le montant prévu pour les étudiants étrangers, soit 1500€. [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
L'équipe de rédaction d'Academia (27 mai 2025). Pour sauver le service public Augmentons « socialement » les frais d’inscription. Communiqué de la CGT ENS de Lyon. Academia. Consulté le 14 juin 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/140rh