Racisme et violences à Rouen

#TW tentative suicide
Depuis quelques semaines, le campus Pasteur de l’Université de Rouen traverse une période difficile. Un étudiant a fait une tentative de suicide, qui, selon la presse, pourrait être en lien avec les actes à connotations racistes de la part d’un professeur, qu’il avait dénoncésu des mois auparavant1. Une enquête judiciaire est en cours pour faire la lumière sur les circonstances de ce drame.

Rassemblement anti-raciste au campus Pasteur, Université Normandie, Rouen

Suite à cette tentative de suicide, des étudiant·es se sont mobilisét·es au sein du Collectif Universitaire Anti-Raciste (CUAR) et ont organisé plusieurs actions. Ces mobilisations ont été entravées deux semaines durant par la sécurité du campus.

Vous trouverez ici un communiqué de la CGT qui résume l’ensemble des évènements :

Tous unis contre la haine et le racisme à l’Université et ailleurs

Alors que l’Université devrait être un lieu d’accueil, de respect et d’épanouissement, un étudiant a tenté de mettre fin à ses jours sur le campus Pasteur de l’université de Rouen Normandie (URN) le 12 mars vers 14h30. Il a été rapidement pris en charge par les équipes de sécurité et les secours. Aujourd’hui, sa vie est heureusement hors de danger.

Une enquête judiciaire est en cours. Elle doit faire toute la lumière sur les circonstances et les causes de ce drame. En 2024, l’étudiant avait dénoncé des actes à connotation raciste à son égard de la part d’un enseignant. La section disciplinaire de l’URN saisie le 22 août 2024 par la précédente présidence pour qu’elle statue sur ces faits a rendu sa décision le 19 décembre 2024 : reconnu coupable l’enseignant a été suspendu de ses activités dans le master de l’étudiant pour une durée de 18 mois tout en conservant son salaire et en continuant à enseigner dans d’autres filières.

Les personnels et les étudiants de l’URN n’ont pu prendre connaissance de ces actes et de la décision de la section disciplinaire que lorsqu’ils ont été rendus publics par le journal Paris-Normandie le 10 mars 2025. L’article du Paris-Normandie était accompagné d’un droit de réponse de l’enseignant incriminé ciblant l’étudiant et d’autres enseignants, tous parfaitement reconnaissables sans pour autant qu’ils n’aient été nommés. La tentative de suicide est survenue immédiatement après cette parution.

Cet acte à connotation raciste n’est pas un cas isolé sur ce campus. D’autres déjà ont incité à la haine, à la violence, au racisme, à l’antisémitisme, à l’homophobie, au sexisme, et à toute forme de discrimination. Au-delà de Rouen, nous savons que ce type d’actes existent partout. Dernièrement encore, l’Observatoire national des discriminations et de l’égalité dans le supérieur publiait un rapport montrant que les étudiants aux noms et prénoms « d’origine étrangère » ont moins de chance d’être acceptés en master que les autres. Mais tout comme les violences sexuelles et sexistes, les actes de racisme sont peu signalés par les étudiants et les personnels, et ce par peur des représailles.

Dans cette affaire, l’établissement n’est pas sans reproche. Ainsi ces actes n’ont jamais été portés à la connaissance des représentants du personnel, notamment ceux siégeant à la formation spécialisée en matière de santé, sécurité et conditions de travail (F3SCT) comme l’ont prévu les textes réglementaires. Pourtant la F3SCT aurait pu aviser la présidence d’actions de protection et de prévention à prendre. Ensuite, la tentative de suicide a été qualifiée de « chute » par la présidence, tandis qu’aucune information sur les faits publiés par la presse n’a été diffusée. A contrario, les mobilisations des étudiants et des personnels ont donné lieu à un renforcement du plan Vigipirate sur le campus Pasteur et à des pratiques contraires tant à la liberté d’expression qu’à la liberté syndicale garantie par l’article L811-1 du Code de l’éducation :

    • fouilles à l’entrée du site universitaire,
    • tracts confisqués,
    • visages filmés en gros plan sans consentement,
    • carte étudiante contrôlée à l’entrée des AG,
    • tentative d’intimidation d’un étudiant,
    • placement d’agents de sécurité devant la porte de la salle où se déroulait une réunion syndicale.

La CGT FERC université & INSA Rouen condamne tout acte raciste, sexiste, antisémite, homophobe ou discriminatoire à l’Université et ailleurs.

Elle exige que cessent toutes les entraves à la mobilisation des personnels et des étudiants et que soient garanties le respect des libertés d’information, d’expression et d’association au sein de l’URN.

Depuis ce communiqué, la situation a un peu changé : suite aux dénonciations des entraves à la liberté d’expression des étudiant·es, le protocole de sécurité s’est relâché. Néanmoins, depuis samedi, un groupuscule fasciste local est présent sur le campus, contre le CUAR.
Dans le climat actuel, il est indispensable de faire connaître les atteintes intolérables à l’état de droit, qu’elle émane des agent·es, des étudiant·es, membres de l’université ou d’éléments extérieurs.
#NoPasaran
#ResistESR
  1. Le professeur a été sanctionné depuis par la section disciplinaire []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
L'équipe de rédaction d'Academia (3 avril 2025). Racisme et violences à Rouen. Academia. Consulté le 23 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13ooz


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