Plan égalité. Au Ministère de l’ESR, après l’espoir, la douche froide. Analyse CGT

Bilan des négociations Égalité. CGT UFSE

Couverture du bilan Négo Egalité avec le Ministère de la Fonction publique, 2025, par la CGT UFSE

Deux ans de négociation avec les organisations représentatives des trois Comités Sociaux d’Administration ministériels (MEN, MESR et MJSOP) concernés.

Dès les premières réunions, la première difficulté fut de définir les axes de travail, les objectifs opérationnels ainsi que les indicateurs chiffrés des actions à mener dans un périmètre trop large réunissant 3 ministères : Éducation nationale, Jeunesse et Sports, Enseignement supérieur et recherche. Tout le monde ayant convenu que les fonctionnements et les catégories de personnels qui y travaillent sont très différents, il a été obtenu la constitution de groupes de travail spécifiques par secteur. Autre moment d’espoir, deux axes supplémentaires ont été ajoutés : «agir pour la santé des femmes» et «communiquer sensibiliser, former».
S’en est suivi, durant l’année 2024, un long calendrier de réunions, de webinaires, de discussions et de revendications.

Nous avons retenu plusieurs points positifs:

  • L’augmentation des données sexuées dans la base de données
    sociales ;
  • Le renforcement de la formation des présidences de jury de recrutement;
  • Le recours facilité à la visioconférence pour les épreuves orales
    de concours aux candidates enceintes ;
  • L’incitation à intégrer une procédure de signalement des VSS dans les règlements intérieurs des unités mixtes de recherche ; Intégrer les violences sexistes et sexuelles au travail comme unrisque à part entière ; S’assurer de l’existence de dispositifs de  signalement sur tout le territoire et les cartographier ; Concevoir un document présentant les procédures à suivre en matière de signalements;
  • La volonté de mieux connaître la santé au travail des femmes par un état des lieux sexué des difficultés de santé et des maladies
    professionnelles ;
  • L’organisation d’une campagne d’information nationale sur les pathologies des femmes.

Ces éléments ne doivent pas cacher les nombreux points négatifs qui ont émaillé les débats et fait l’objet d’amendements en instance.

Coquille vide

Les organisations syndicales ont unanimement dénoncé l’absence de budget dédié au plan qui ressemble plutôt à une bouteille à la mer. Puisqu’aucune mesure n’est contraignante, il repose sur le bon vouloir des établissements autonomes. Or, le manque de chiffres remontés par les établissements sur les rémunérations et les indemnitaires par genre empêche le travail des missions égalité. La CGT a porté des mesures sur l’accompagnement de la parentalité et les aidant∙es, des postes pérennes pour les cellules de traitement des discriminations et VSS, et des mesures de rattrapage salariale. Ces propositions n’ont pas été prises en compte
et l’axe santé des femmes reste encore trop une coquille vide.

De plus, les postes de chargé∙es de mission égalité et le traitement des violences sexistes et sexuelles sont attribués dans les rectorats (et non dans les universités) sur des périmètres liés à l’ouverture d’enquêtes administratives uniquement.

La CGT n’est pas signataire de cet accord.

Quelle place des femmes dans  l’Enseignement supérieur et de
la Recherche au sein de l’Union Européenne ?

Anne Pépin, chercheuse, ex-responsable de la mission pour la place des femmes au CNRS, puis du secteur genre dans l’ESR à la Commission européenne, a présenté les premiers chiffres de l’enquête « She Figures»
2025 (données 2022), publiée le 11 février 2025.

Quelques chiffres :

• Les femmes sont majoritaires dans les formations au niveau licence et maîtrise, mais ensuite cela chute 47,5 % des femmes au niveau doctorat (44 % en France), elles représentent ensuite 34 % des chercheurs (30 %
en France).

• Parmi les chercheurs, entre 2013 et 2021, la part des femmes progresse à un rythme plus rapide que celui des hommes (4,2 % contre 3,3 %), mais elles ne représentent qu’un tiers du total des chercheurs (30 % au sein de l’UE, et 30 % en France).

• Au sein des postes de direction, la part des femmes qui sont professeures et directrice de recherche s’élève à 8,7 % au sein de l’UE, contre 16 % pour les hommes. En France, ce taux monte à 17 % pour les femmes, et 27,5 % pour les hommes.

• À la tête des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, la part des femmes monte à 26 % de femmes, contre 20 % en France.

• Enfin, les femmes représentent 38 % des membres des CA et 39 % des comités de pilotage. En France, seul l’ANR a été sondé (38 %).

La santé des femmes au travail: un enjeu essentiel

La CGT porte cet enjeu dans toutes les négociations et dans son combat au quotidien. Aux Ministères de l’Éducation Nationale, Jeunesse et Sports et de l’Enseignement Supérieur et la Recherche, un nouvel axe sur la santé des femmes a été inscrit pour :

› Sexuer les données relatives à la santé ;

Améliorer la traçabilité et la prévention
de l’exposition aux risques professionnels
des femmes dans les plans de prévention ;

Réaliser une campagne nationale d’information sur les principales pathologies des femmes ;

Le soutien aux recherches portant sur les liens entre les conditions de travail et la santé des femmes.


Pour aller plus loin

Sur Academia

 


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
L'équipe de rédaction d'Academia (5 mars 2025). Plan égalité. Au Ministère de l’ESR, après l’espoir, la douche froide. Analyse CGT. Academia. Consulté le 23 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13f4c


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