L’IA, junk food de la pensée

  • par Christophe Cailleaux et Amélie Hart, enseignant·es en histoire-géographie dans le secondaire et membres du groupe numérique du SNES-FSU.

L’argument le plus utilisé pour justifier l’imposition de l’intelligence artificielle (IA) dans l’éducation est le déjà-là. Dans un récent entretien donné à Ouest-France le 6 février 2025, Elizabeth Borne affirme que « la quasi-totalité des lycéens et étudiants utilisent régulièrement l’IA contre environ 20% des professeurs». Les élèves utiliseraient massivement l’IA, il serait donc nécessaire de l’utiliser en cours. Cette affirmation se fonde sur une série d’impostures que nous nous proposons de déconstruire ci-dessous.

Des fondements erronés

D’où viennent les estimations avancées par Elizabeth Borne ? La ministre ne se donne pas la peine de le préciser, par manque de temps sans doute. Comme nous aimons faire preuve d’esprit critique, nous voilà incité·es à mener quelques recherches.

Il est bien difficile de définir l’IA en peu de mots Comme le montre cet article, l’IA est avant tout un objet volontairement indéterminé qui permet notamment de soutenir des discours de marketing et de politique publique (de plus en plus difficiles à distinguer) ; à de nombreuses reprises dans les lignes qui suivent, il sera justement question de cette IA comme objet flou. Mais de manière plus rigoureuse (si c’est possible), nous désignons par IA l’ensemble des techniques et des machines visant à simuler de manière autonome (et donc à automatiser au moins partiellement) des capacités humaines considérées comme intellectuelles1

Dans le même entretien E. Borne fait allusion à la Charte d’utilisation de l’IA à l’école, un document que nous avons pu consulter, dans une forme provisoire2. On y lit, au détour d’une note de bas de page, que «90 % des élèves de Seconde ont déjà utilisé l’IA Générative pour s’aider à faire leurs devoirs ». Et cette fois, une source est donnée : l’information viendrait de « l’enquête Heaven de juin 2024 » citée par un récent rapport du Sénat3. On avance.

Hen and Rooster with Grapevine (1792), Itō Jakuchū, The Metropolitan Museum 1792

Pas tout à fait, car de nouveaux problèmes surgissent :

  • tout d’abord parce que Heaven est une agence de publicité. Il ne s’agit donc pas d’une enquête mais bien d’une campagne de publicité – la distinction ne devrait pas être superflue. Un simple coup d’œil à la page Linkedin de Heaven suffit à comprendre : « Heaven est une agence de publicité next-generation. Heaven s’appuie sur sa connaissance des nouveaux comportements digitaux et sociaux pour concevoir et déployer des stratégies et des campagnes innovantes et performantes ».
  • de plus, les chiffres de cette campagne marketing ne sont qu’approximativement ceux du rapport du Ministère : Heaven évoque « 86% d’usage des IA » sur une population de « 499 répondants de 18 à 21 ans » (étudiants et/ou salariés) alors que le document du ministère parle de 90 % d’usage des IA pour des « élèves de Seconde » !
  • enfin nulle part il n’a été question de définir, même rapidement comme nous l’avons fait ici, ce qui est entendu par IA.

Pour servir une politique publique

Voilà qui paraît bien confus. Il est possible après tout que la source de Mme Borne soit tout autre. Bien plus fiable sans doute. Nous avons donc continué à chercher, sans grand succès, rencontrant toutes sortes de sources fort approximatives que la Ministre aurait tout aussi bien pu citer. Ainsi, une « étude » décidément — menée par de grands spécialistes en éducation là encore Opinion Way et 20Minutes — donne un portrait plus contrasté de l’usage des IA parmi les jeunes et notamment la montée de questionnements sur le coût environnemental de ces technologies4. Mme Borne pouvait aussi jeter un œil à une véritable enquête menée cette fois par l’INSEE belge, Statbel, qui donne chiffres sensiblement différents5.

Mais, en éducation comme ailleurs, nos actuel∙les dirigeant∙es n’ont pas trop en tête de s’interroger sur la pertinence d’une généralisation de l’IA. Leur décision est déjà prise de manière ouverte : les autorités publiques doivent massivement soutenir la filière de l’IA afin de faire émerger des «champions français et européens ». Et cela passe par un «accompagnement » et des « incitations » pour mener une vaste «acculturation » à l’IA, en construisant comme une urgence « l’acceptabilité sociale » de sa massification6. Ne chipotons pas pour les chiffres de la Ministre, tirés d’un chapeau. Ces chiffres sont vrais car ils doivent l’être : il y a une compétition mondiale de l’IA, l’IA doit envahir nos vies, avec le soutien actif des autorités publiques, qu’on le veuille ou non7.

La présence croissante des IA nous est présentée comme un phénomène naturel inéluctable ou au mieux comme un ensemble de pratiques spontanées de la population par ceux-là mêmes qui participent à organiser politiquement et économiquement la généralisation de ces produits technologiques dans nos vies. Ce n’est plus une prophétie auto-réalisatrice, c’est une imposture.

Junk thinking

En quoi des usages extra-scolaires massifs légitimeraient tout ce que nous annonce Mme Borne pour les mois à venir : non seulement l’usage croissant des IA en classe, mais aussi des formations pour tous les élèves et tous les personnels et in fine « une révolution de nos façons d’apprendre et d’enseigner » ?  La question reste entière. Cette logique n’a de rationnelle que l’apparence : depuis quand des pratiques adolescentes massives devraient mener l’ensemble du système éducatif à « s’adapter » ? Pour déconstruire cette logique, nous nous permettrons de mener une analogie — discutable par définition, mais qui donne à penser, espérons-le —, en remplaçant l’IA par la junk food.

Nous commencerons donc par affirmer que 59 % des adolescents mangent au moins une fois par mois dans un fast-food (contre 37 % pour la population totale). Les chiffres sont fiables : il s’agit d’une étude Harris8. Et, face à cette consommation massive — inférieure chez les enseignant·es, toujours à la traîne ! —, le Ministère de l’Éducation Nationale (MEN) annonce son intention de mener une « révolution des façons de se nourrir et de cuisiner » dans les écoles, collèges et lycées. Une grande campagne est d’ores et déjà prête pour « former les élèves à bien utiliser la junk-food », pour « inciter » les personnels de cantine scolaire à « intégrer la junk-food dans leurs pratiques ». Les enseignant·es recevront des formations obligatoires à la consommation de ces produits, afin de pouvoir en enseigner les « défis et les opportunités » (1 % de défis pour ouvrir l’appétit, 99 % pour les opportunités). La Banque des Territoires et la Banque Publique d’Investissement seront dotées de plusieurs milliards pour lancer des PIAJF (Plans d’investissement avenir Junk Food), ouvrant les portes de l’école à plusieurs start-up du secteur ; ainsi des financements publics de plusieurs millions d’euros, comprenant des expérimentations sur les élèves et les personnels, permettront aux jeunes pousses de développer leurs produits, car il faut bien que des « champions français de la malbouffe émergent pour faire face aux géants américains et chinois ». Et dans le droit fil d’un Sommet International de la junk food, le MEN annoncera un investissement de 20 millions pour défendre une « junk food souveraine », permettant aux chef·fes dans les cuisines scolaires « de préparer plus facilement leur repas, en les libérant d’une partie des tâches chronophages et ingrates, grâce au recours à la junk food »9 !

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/78227

Silkies, Mori Sosen, before 1807. The Metropolitan Museum

Tout cela paraît grotesque, grossier, impensable. Depuis plusieurs années, les distributeurs de sucreries ont été enlevés des établissements scolaires. Les cantines doivent proposer des repas équilibrés, pensés pour démontrer qu’un repas bon et sain est possible sans abus de sucre et de gras. En cours, les enseignant·es sont incité·es par programmes et circulaires à souligner les pièges de la satisfaction immédiate apportée par le gras et le sucre ; nous pouvons rappeler aussi, sans risque de sortir de notre neutralité, que le matraquage publicitaire des géants de la malbouffe pousse à s’y rendre régulièrement10. La loi, depuis au moins 2014, a même inscrit la nécessité d’une éducation à une alimentation saine – par exemple par l’article L312-17-3 du Code de l’éducation. C’est dire si l’affaire est sérieuse et les dangers de la malbouffe grands.

Junk food de la pensée

Or les dangers des IA, notamment des IA génératives ne sont pas négligeables : en l’état actuel, elles sont dans leur écrasante majorité des produits entre les mains d’entreprises et d’États anti-démocratiques (qu’il s’agisse des techno-fascistes de la sphère trumpiste ou de l’État chinois)11. Elles ne peuvent à ce jour exister et être compétitives qu’en exploitant des travailleurs·ses12, en s’appropriant illégalement la quasi-totalité des créations humaines, en participant à la dévastation du vivant, en engendrant une « pollution informationnelle » hors de contrôle13. Leurs usages majoritaires accélèrent le mouvement de surveillance généralisée14, participent déjà à la destruction d’emplois et même de métiers, dopent les formes les plus aliénantes d’accélération de nos vies, accentuent notre dépendance à des machines qu’on nous impose et face auxquelles nous sommes réduit·es à avoir honte de n’être qu’humains15.

Voilà des périls qui valent bien ceux de la junk food, non ? Alors en toute cohérence, de même qu’on ne sert pas (ou très rarement) de junk food à la cantine, il ne faut pas servir (ou très rarement) d’IA aux élèves en classe. De même que malgré les demandes quasi rituelles des élèves, on évite de servir plus de frites à la cantine, on ne doit pas prendre prétexte de pratiques ou de demandes d’élèves stressés par les notes (et par tout le système scolaire) pour normaliser l’usage des IA dans le cadre scolaire. De même qu’on doit se débarrasser du marketing du gras et du sucre dans les écoles, on doit se débarrasser de celui des industriels de l’IA. De même que McDonalds ou BurgerKing ne sont pas considérés comme des « acteurs de l’éducation », les GAFAM, Free, Mistral ou les startups de la EdTech doivent cesser d’être considérées comme des acteurs de l’éducation, d’être invitées au même titre que les organisations syndicales à donner leur avis sur les réformes éducatives, de pouvoir organiser leur lobbying dans les locaux mêmes du Ministère ((Il s’agit du « Lab 110bis » situé dans les locaux ministériels de la rue de Grenelle où la EdTech promeut ses produits en toute neutralité. Pour une critique de ce lieu et plus généralement des liens entre Ministère et EdTech, nous nous permettons de renvoyer à C. Cailleaux, « La EdTech à l’assaut de l’Éducation nationale » dans Critiques de l’école numérique, L’Echappée, 2019 et plus récemment à notre article « La “Stratégie du numérique pour l’éducation” (2023), nouvelle offensive de la marchandisation » sur le site du SNES-FSU.)). De même qu’on ne vante pas les bienfaits de la junk-food, on n’explique pas aux élèves que les IA vont nous libérer, nous faire gagner du temps. De même qu’on enseigne les méfaits de la junk-food sans en faire consommer en classe, on peut enseigner les méfaits des IA, leurs biais, leurs hallucinations, sans demander aux élèves de les utiliser durant les cours.

Des apprentissages aliénés

Nous ne voudrions pas passer sur un point trop peu entendu quand on parle d’IA et d’éducation. En tant qu’enseignant·es nous sommes particulièrement préoccupé·es par la profonde altération du rapport aux apprentissages que signifierait une massification des recours actuels aux IA.  Les apprentissages sont des parcours, des chemins souvent longs, tortueux et laborieux. Or dans une société de l’accélération permanente et de la marchandisation généralisée, dans un système scolaire de plus en plus soumis à la logique capitaliste16, notamment à travers la sélection et ses outils (contrôle continu, Parcoursup, etc.), de tels parcours peuvent être vécus comme des formes de perte de temps et de mise en échec.

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/78227

Rooster, Hen and Chicken with Spiderwort. Katsushika Hokusa, ca. 1830–33. The Metropolitan Museum

Inversement, les industriels de la Tech et leurs relais gouvernementaux, nous le promettent : grâce à l’IA, ils vont nous faire gagner du temps, nous libérer de tâches ingrates, répétitives ou chronophages. Nous voilà bientôt débarrassé·es d’un long et laborieux chemin, comme téléporté·es par la magie de la technique directement à la bonne et unique réponse, en limitant les risques de se perdre, d’échouer. Des voix nous expliquent que c’était déjà le cas avec la calculatrice et le GPS et qu’il n’y aurait rien de nouveau sous le soleil. Mais avec les IA génératives, les problème existants sont démultipliés de manière vertigineuse. Même si elles font mal le travail, le truffent d’hallucinations et de biais, ces IA peuvent imiter la quasi totalité des productions dites intellectuelles. À  quoi bon apprendre une langue si une machine traduit instantanément mes propos, allant jusqu’à imiter le mouvement de mes lèvres ? À quoi bon apprendre à étudier un texte, une image, un son, une vidéo, à quoi bon rédiger un long argumentaire, à préparer un oral, à quoi bon apprendre quoi que ce soit si une machine peut le faire d’un simple clic là où j’y passerai des heures ? Nous pourrons donc toutes et tous, élèves comme adultes, gagner du temps et aller directement à une traduction déjà faite, à un texte ou un oral déjà prêt, à une démonstration déjà menée. Promesses de facilité et d’opulence cognitive rendues désirables par nos aliénations présentes.

L’imposture est immense. Le court-circuit proposé est une négation pure et simple de ce que sont profondément les apprentissages : des chemins, des processus faits de compréhension, de conceptualisation, de prise de conscience, de « procéduralisation »17. En prétendant nous faire gagner du temps, les usages actuellement majoritaires et promus des IA nous privent du chemin, nous privent donc de la possibilité réelle d’apprendre, d’accéder à toute forme d’autonomie au sens kantien du terme. De même qu’un usage fréquent du GPS fragilise la capacité à se repérer dans l’espace, l’usage fréquent des IA génératives ne peut que fragiliser notre capacité à nous orienter dans la pensée18. C’est assez précisément ce que démontre une récente étude, pourtant menée par des chercheurs travaillant pour Microsoft, concluant que l’usage de l’IA « peut inhiber la capacité critique d’engagement avec toute tâche et peut avoir pour potentiel conséquence à se trop se reposer sur l’outil ainsi qu’à diminuer les compétences de résolution de problème »19.

Et si ces usages s’ancraient dans le temps, que finirait-il par advenir ? Une fois ces usages banalisés, qui pourrait encore prendre le temps d’apprendre dans une vie toujours plus accélérée ? Qui pourrait dire qu’il veut apprendre, enseigner, vivre sans IA si l’ensemble de la société était transformé par l’IA, comme le veulent les dirigeants économiques et politiques ? Qui pourrait encore affirmer qu’il s’agit d’un choix tellement nous en serons devenu·es dépendant·es, dans un processus similaire à celui qui nous a imposé la bagnole20 ? On nous propose donc de nous libérer de la condition même de notre émancipation, et à bien des égards de ce qui fait le sel et le sens de nos vies : quel sens donner à une vie privée d’apprentissages, ceux-ci étant relégués à des formes de « pertes de temps » ? Ce n’est plus un paradoxe, c’est une monstrueuse imposture : l’aliénation vient légitimer une aliénation plus forte encore.

En guise de conclusion : vers un principe de précaution

Les industriels de l’IA eux-mêmes ont plusieurs fois affirmé que leur technologie pouvait tout aussi bien représenter le salut de l’humanité que sa damnation. Il est fort possible que cela soit intégré à un plan marketing retors comme le défend solidement T. Prévost en parlant de « prophètes de l’apocalypse » qui jouent avec nos peurs. Il est probable que le passage à une « IA générale » super-intelligente soit un simple leurre. Cela dit, quand le prix Nobel de Physique 2024, J. Hopfield, lui-même spécialiste de l’IA, tient à souligner qu’il voit dans les IA un danger majeur, car cette technologie ne cesse de dire aux humains : « I’m bigger than you are, I’m faster than you are and I can also run you », il y a de quoi s’inquiéter rationnellement21. Si l’on peut admettre que même la plus grande « superintelligence » ne sera qu’un très rapide « perroquet stochastique »22, on ne peut se contenter de dire que les IA ne sont ni intelligentes, ni dangereuses. Les IA sont déjà extrêmement puissantes et capables de simuler l’intelligence humaine. Suffisamment en tout cas pour faire illusion, pour assurer le spectacle, dans un monde qui a été capable de porter au pouvoir Trump, Milei, Poutine et la bande toujours plus grande de ces malfaisants universels. Et quand leurs alliés et semblables E. Musk, S. Altman et tous les autres prophètes modernes évoquent la menace que feraient peser les IA sur l’humanité, ils ne nous avertissent pas, ils nous menacent.

La généralisation des IA dans nos vies et notre monde, leur imposition par les forces profondément opposées aux droits humains qui les contrôlent portent en elles des conséquences sociales, économiques, écologiques, politiques et même anthropologiques littéralement monstrueuses. Soyons donc à la hauteur, soyons dignes des enjeux. Dans le monde de l’éducation, de son sommet à sa base devrait prévaloir un principe de précaution : tant qu’il n’aura pas été démontré scientifiquement qu’existent des IA qui ne participent pas à la prédation et à la dévastation généralisée du monde, les IA dans un cadre scolaire doivent être réduites à leur strict minimum23.


Sur Academia

  1. Nous renvoyons aux discussions du n°437 de La Vie de la Recherche Scientifique, juin 2024. []
  2. Le texte est actuellement présenté aux différents « acteurs » de l’Éducation nationale, dans le cadre d’une « consultation ». Les guillemets ne sont pas superflus. []
  3. Christian Bruyen et Bernard Fialaire, « Rapport IA n° 3 – IA et éducation : accompagner les développements en cours », 30 octobre 2024 []
  4. Des chiffres qu’on peut retrouver sur un site d’une grande rigueur scientifique : https://www.moijeune.fr/ []
  5. Résultats d’une enquête menée sur l’utilisation des TIC auprès des ménages menée en 2024. []
  6. Le Sommet de l’IA voulu par E. Macron en février 2025 et son annonce d’un investissement à venir de plus de 100 milliards (!) d’euros sont des signaux édifiants de cette politique publique de soutien inconditionnel à la filière de l’IA. Les rapports institutionnels sur le sujet sont légion et vont tous dans ce sens. Si vraiment on a du temps et de la patience, on peut lire le texte « IA : notre ambition pour la France » rédigé par une Commission de l’Intelligence Artificielle publié en mars 2024. Dès mars 2022, le Conseil d’État rédigeait un rapport centré sur la nécessité de rendre la généralisation de l’IA acceptable, intitulé « Intelligence artificielle, et action publique : construire la confiance, servir la performance ». De rapides recherches montrent que tous les organes administratifs français tiennent le même discours : Présidence, Assemblée, Sénat, Gouvernement, Conseil d’État, Cour des Comptes, Ministères. []
  7. On peut voir à ce propos, l’analyse du groupe « Limites numériques » montant à quel point les entreprises de la Tech nous forcent à utiliser l’IA. []
  8. Chiffres d’une « Étude » Harris de 2024. Des chiffres proches d’une enquête menée par le think tank Institut Montaigne en novembre 2024. []
  9. Pour éclairer l’analogie, on peut lire notre « Éducation nationale : there is no IA-alternative ? », Club de Mediapart, paru en février 2025. []
  10. Parmi les très nombreuses publications ministérielles sur le sujet, on peut lire le Vademecum « Education à l’alimentation et au goût » sur le site du MEN. []
  11. Il y aurait des sources innombrables pour étayer cette affirmation. Au jour où nous terminons la rédaction de cet article, un simple coup d’œil sur un fil d’information indique cet article édifiant sur la censure trumpiste opérée sur l’IA Grok . []
  12. Voir, entre autres les travaux de A. Casilli, notamment En attendant les robots. Enquête sur le travail du clic, Paris, Seuil, 2019 et plus récemment le documentaire auquel il a participé, Les Sacrifiés de l’IA. []
  13. Pour toutes ces questions (et bien d’autres), on lira l’excellent texte de Florence Maraninchi « Pourquoi je n’utilise pas ChatGPT », Academia. Consulté le 24 février 2025. []
  14. Sur ce thème, il faut lire le récent ouvrage de Felix Treguer, Technopolice, la surveillance policière à l’ère de l’intelligence artificielle, Divergences, 2024. []
  15. Voir les analyses de T. Prévost dans Les prophètes de l’IA, Lux, 2024, mais aussi les approches philosophiques de H. Rosa (surtout dans son court et incisif, Aliénation et accélération. Vers une théorie critique de la modernité tardive, La Découverte, 2012), et plus fondamentalement encore celles de G. Anders, L’Obsolescence de l’homme, publié en 1956. []
  16. Il faudrait en ce sens prolonger le livre fondamental de P. Clément, G. Dreux, C. Laval et F. Vergne, La nouvelle école capitaliste, La Découverte, 2011. []
  17. Ces termes sont repris, parmi les nombreux développement théoriques ou références à ce sujet, à l’approche développée par Manuel Musial, Fabienne Pradère et André Tricot. []
  18. On peut renvoyer au texte de Kant, Qu’est-ce s’orienter dans la pensée ?, 1786. []
  19. L’étude affirme à la fois que le manque d’esprit critique mène à un usage important des IA, mais aussi qu’un usage croissant des IA affaiblit l’esprit critique : Lee, Hank. « The Impact of Generative AI on Critical Thinking: Self-Reported Reductions in Cognitive Effort and Confidence Effects From a Survey of Knowledge Workers », février 2025. []
  20. Cette nouvelle analogie, qu’il faudrait poursuivre également, nous a été suggéré par la lecture de l’article de A. Gorz, « L’idéologie sociale de la bagnole », publié dans la revue Le Sauvage en 1973. []
  21. « Nobel physics prize-winning scientist sounds alarm on AI », 8 octobre 2024. A noter que « to run sombedoy » peut aussi bien signifier diriger quelqu’un que l’écraser. []
  22. Référence à l’article fondamental de E. Bender (et alii), « On the Dangers of Stochastic Parrots: Can Language Models Be Too Big? », 2021. []
  23. C’est notamment en ce sens que le SNES-FSU a co-signé avec la Quadrature du Net, la LDH, Solidaires, Attac, la Syndicat de la Magistrature et d’autres encore, au Manifeste Résister à l’IA et son monde de la Coalition HIATUS. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
L'équipe de rédaction d'Academia (27 février 2025). L’IA, junk food de la pensée. Academia. Consulté le 15 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13e71


3 réflexions sur « L’IA, junk food de la pensée »

  1. et pourquoi ne pas profiter de cette opportunité pour sensibiliser les jeunes aux méfaits de l’IA? Est ce encore une abandon du système éducatif face à une nouvelle technologie? Va-t-on, une fois encore abandonner le terrain et laisser les Big Tech et les agences de marketing cannibaliser le cerveaux de nos jeunes générations? Ne profiterons-nous justement pas de cette opportunité de placer les Big Tech autour de la table pour construire un vrai programme éducatif aiguisant le sens critique de nos jeunes et les sensibiliser aux dangers des technologies comme l’IA?

  2. Ping : Khrys’presso du lundi 3 mars 2025 – Framablog

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