Le projet de Milei de démolir le Conicet menace la recherche scientifique argentine

Argentine. Le Conicet est l’équivalent du CNRS français. Il fait l’objet de nouvelles attaques de la part du gouvernement Milei. Toute comparaison avec la situation française est laissée à l’appréciation des lecteurs et lectrices d’Academia.

Le monde scientifique est en alerte maximale face à l’imminence d’un décret qui pourrait transférer des domaines de l’agence aux provinces.

Le monde de la science et de la technologie s’alarme de l’imminence d’un décret de Javier Milei visant à supprimer le Conicet et à porter un coup fatal à la recherche scientifique argentine.

La rencontre, ces derniers jours, entre Daniel Salamone, directeur du Conicet, et Federico Sturzenegger a suscité l’inquiétude des scientifiques.

Milei prépare un nouveau décret poussé par le ministre de la déréglementation pour porter un coup à la structure de la science et de la technologie au nom de la réduction des dépenses.

Selon des sources au Conicet, le décret viserait à réduire le budget de l’organisation, à limiter le nombre de nouvelles recrues dans la carrière de chercheur ou chercheuse et à modifier son système de financement.

Cela pourrait compromettre gravement le développement de projets de recherche dans de multiples disciplines, et affecter à la fois les chercheur·ses établi·es et les jeunes scientifiques qui sont formés et qui prévoient de poursuivre leur carrière en Argentine.

En abrogeant le statut, ils peuvent modifier les régimes de compatibilité. L’idée est que les chercheurs pourraient avoir d’autres activités, de sorte que l’État n’accorderait plus de rémunération complète ou exclusive.

Cela découragerait les carrières scientifiques en Argentine, obligeant les chercheurs à chercher des emplois complémentaires pour obtenir un revenu équivalent, ce qui affecterait leur degré d’implication dans la recherche et la qualité de leurs projets.

Le gouvernement espère également que toutes les agences scientifiques et technologiques, telles que l’Inta1, l’Inti2 et la Conae3, seront fusionnées afin de réduire le nombre d’agent·es.

Tout comme Carlos Menem l’a fait pour l’éducation, qu’il a transférée aux provinces, il est question de provincialiser l’organisation. Le Conicet compte plus de 26 000 employés, dont des chercheurs, du personnel technique/professionnel et administratif. Les scientifiques craignent que la décentralisation n’entraîne une désaffection pour les problèmes nationaux et stratégiques, ce qui risquerait de compromettre la capacité de l’agence à apporter une réponse à ces problèmes.

Les scientifiques soupçonnent également Milei de chercher à écarter les sciences humaines et sociales de l’orbite du Conicet pour les transférer aux universités nationales. Ces disciplines représentent environ 25 % de l’agence. Dans le monde scientifique, on estime qu’un tel démantèlement empêcherait une approche globale des problèmes de recherche à l’ordre du jour sur le plan national.

Au Conicet, on parle d’une vendetta de la part de [Federico Adolfo] Sturzenegger lui-même. Sous le gouvernement d’Alberto, l’actuel ministre avait posé sa candidature pour devenir membre du Conicet dans l’un des grades les plus élevés. Mais l’une des exigences était d’avoir été formé aux ressources humaines et l’organisation considérait que l’ancien directeur de la Banque centrale ne l’était pas. Le Conicet a donc répondu qu’il ne remplissait pas les conditions requises.

(Trad. P. Marichalar)

  1. Instituto Nacional de Tecnología Agropecuaria, Institut national de technologie agronome []
  2. Instituto Nacional de Tecnología Industrial, ou Institut national de technologie industrielle. []
  3. Comisión Nacional de Actividades Espaciales ou Commission nationale des activités spatiales []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
L'équipe de rédaction d'Academia (8 février 2025). Le projet de Milei de démolir le Conicet menace la recherche scientifique argentine. Academia. Consulté le 15 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13a8w


3 réflexions sur « Le projet de Milei de démolir le Conicet menace la recherche scientifique argentine »

  1. Bonjour, je voudrais savoir si la recherche scientifique subit en France des problèmes semblables de nos jours. Merci bien.

    • Considérant le définancement considérable des universités (moins 1 milliard dans le budget 2025), la réduction drastique des nombre de postes de titulaires, le recours à un lumpenproletariat enseignant payé sous le SMIC horaire, et le dernier projet KeyLabs du CNRS, il y a de fortes similitudes dans la politique suivie, oui.

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