Les organisations syndicales et des associations étudiantes de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA) regroupées au sein du « collectif des étudiants et personnels de l’UPPA pour l’égalité entre étudiants français et étrangers » dénoncent la décision de l’établissement d’appliquer dès cette rentrée des frais d’inscription de 2770€ à tous les étudiant.es extra-communautaires entrant en Licence.

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Une situation chaotique

La décision de l’établissement d’appliquer dès cette rentrée des frais d’inscription de 2770 € à tous les étudiant.es extra-communautaires entrant en Licence a plongé un grand nombre d’étudiant.es étranger.es dans des situations de précarité extrême pouvant conduire à des drames humains. Ne pouvant régler ce montant faramineux, ils et elles se retrouvent sans attestation d’inscription.

Et sans attestation d’inscription, leur vie est impossible : impossible d’étudier, impossible d’ouvrir un compte en banque, impossible d’avoir un numéro de sécurité sociale, impossible de bénéficier de soins, impossible de bénéficier des services de la CAF, impossible de trouver un job étudiant, impossible de trouver un logement, etc…

Bien des étudiant.es étranger.es n’ont en outre appris qu’a posteriori, c’est-à-dire après avoir accepté l’offre de Pau, qu’ils ou elles étaient soumis.es à une majoration des frais, que cela soit au titre d’étudiant.es étranger.es ou au titre de la formation continue (étant auparavant informé.es qu’elles ou ils étaient éligibles pour l’inscription en formation initiale). L’opacité et le caractère contradictoire des informations communiquées par l’Université et les plateformes d’offres universitaires (Campus France) aux étudiant.es étranger.es ne rend pas honneur à l’enseignement supérieur.

Une décision politique contestable

Au-delà des situations de détresse individuelles qu’elle crée, cette décision est lourde de conséquences. Elle ajoute en effet une barrière économique systématique aux nombreuses difficultés que rencontrent déjà les étudiant.es étranger.es en France. C’est un choix politique que de privilégier les couches favorisées (celles qui peuvent s’acquitter d’un montant aussi faramineux) des autres pays – en particulier du sud – dans le système universitaire.

Mais ne nous y trompons pas, les étudiant.es étranger.es ne sont pas les seul.es concerné.es. Il est possible (autorisons-nous à faire un peu d’analyse prospective et comparative), comme c’est le cas dans des systèmes universitaires fortement soumis aux logiques de marchandisation tels que l’Australie, que les étudiant.es étranger.es ne soient que les premier.es à qui l’augmentation exponentielle des droits d’inscription universitaire s’applique. Viendrait ensuite, au titre d’une « égalité de traitement », une majoration similaire pour les étudiants nationaux.

D’autres choix possibles

À l’Université de Bordeaux, la plupart des étudiant.es étranger.es non européen-nes sont, par décision du conseil d’administration, exonéré.es des droits d’inscription dits « différenciés » prévus par la loi « Bienvenue en France » (2770€ en Licence et 3770€ en Master contre 170€ et 243€ pour les étudiant.es français.es et européen.nes). En effet, la longue liste des pays d’origine qui permet cette exonération couvre la plupart des situations. A l’Université Toulouse Jean Jaurès, à Toulouse III Paul Sabatier ou encore à Bordeaux Montaigne, pas de longue liste de pays : ce sont tou.tes les étudiant.es étranger.es qui sont exonéré.es.

Et à l’Université de Poitiers, cette exonération pour tou.tes les étudiant.es étranger.es s’accompagne même d’une belle explication sur la page d’accueil :

« La Présidente de l’université de Poitiers, université citoyenne, ouverte sur le monde, et son équipe, renouvellent leur souhait d’accueil équitable de tous les étudiants.

L’université de Poitiers est particulièrement désireuse de poursuivre, dans le cadre de ses orientations stratégiques, une politique de coopération et de rayonnement à l’international qui favorise également l’inclusion. C’est la raison pour laquelle, pour l’année universitaire 2023- 2024, les étudiants étrangers assujettis aux droits d’inscription différenciés, selon l’article 8 de l’arrêté du 19 avril 2019 relatif aux droits d’inscription dans les établissements publics d’enseignement supérieur relevant du ministre chargé de l’enseignement supérieur, bénéficieront d’une exonération partielle à l’université de Poitiers. »

Le refus de la plupart des universités voisines d’appliquer les dispositions de « Bienvenue en France » doit conduire à une prise de conscience de la rupture d’égalité et de la profonde injustice que représentent ces dispositions.

L’urgence d’une politique égalitaire et systématique

Les organisations syndicales CFDT, CGT, FSU, Solidaires Étudiant.es, SUD et UNSA de l’UPPA, comme de très nombreux membres de la communauté universitaire qui expriment leur soutien via la pétition et la cagnotte de soutien lancées par les organisations, refusent d’être complices de telles situations et de leurs conséquences. L’UPPA doit être une université d’accueil inconditionnel et d’ouverture, et ne saurait instaurer de barrière économique aux nombreuses difficultés que rencontrent déjà les étudiant.es étranger.es en France. Les organisations syndicales exigent l’inscription pédagogique immédiate de l’ensemble des étudiant.es étranger.es sur la base d’une égalité de droits et d’un accueil équitable de tou.tes les étudiant.es, à savoir 170€ pour le cycle Licence / BUT et 243€ pour le cycle Master. Cette inscription égalitaire doit avoir un caractère rétroactif, afin de permettre à celles et ceux qui ont avancé les frais d’inscription majorés d’être remboursé.es de la différence. Pour répondre enfin à la grande précarité des étudiant.es étranger.es et éviter tout drame humain, Il y a en outre urgence à procéder à leur inscription administrative immédiate.